Il y avait autrefois une veuve qui avait un fils. Tous deux vivaient pauvrement, et ils étaient obligés de tirer la charrue à tour de rôle parce qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour acheter une paire de b?ufs. Néanmoins, la veuve tirait parti de tout ce qu'elle pouvait et sa cabane était tenue très proprement. On ne tarissait pas d'éloges sur elle, dans le pays, et on aurait bien voulu qu'elle se tirât d'affaire. Malheureusement, les temps étaient rudes alors, et personne ne pouvait les aider autrement qu'en leur donnant parfois du pain et quelques galettes de blé noir. Cela n'empêchait pas le fils d'être un beau garçon courageux au travail. Or, une nuit, la veuve eut un songe : elle se vit dans une grande forêt à la poursuite d'un attelage tiré par deux b?ufs blanc et noir. Au bout d'une course épuisante, elle parvenait enfin à rattraper l'attelage et à le ramener à la maison. Elle fut très impressionnée par ce rêve, et, le matin, elle dit à son fils : - Allons à la foire du village pour y chercher une paire de b?ufs. - Mais, ma mère, répondit le fils, nous n'avons pas le moindre argent! - Cela ne fait rien, dit-elle, je sais que j'en trouverai. Ils partirent donc pour la foire. Ils marchaient d'un pas rapide et, à la croisée de trois chemins, ils virent un petit homme sortir de dessous la terre et venir vers eux. - Où allez-vous comme cela ? demanda le petit homme. - À la foire, répondit le fils, pour acheter une paire de b?ufs. Mais nous n'avons pas d'argent pour payer. - Si vous descendez avec moi dans ce trou, dit le petit homme, et si vous savez vous comporter comme il faut, je vous garantis que vous ne manquerez de rien. Ils suivirent le petit homme et s'engagèrent dans un trou, au milieu d'un buisson. Le trou leur paraissait bien trop petit pour eux, mais quand ils descendirent, ils ne sentirent aucune gêne. Ils furent alors saisis d'étonnement, car ils se trouvaient dans une grande maison remplie d'enfants qui n'étaient pas plus grands qu'un sabot de bois. On leur dit que le père était très malade et sur le point de mourir, mais que s'ils connaissaient quelque remède, ils en seraient récompensés largement. La veuve réfléchit et demanda qu'on allât lui chercher des herbes. Les nains sortirent et revinrent peu après, apportant ce que la femme avait demandé. Alors elle confectionna des tisanes et les fit boire au malade. Celui-ci commença à se sentir mieux. - Si vous sauvez mon mari, leur dit la mère des nains, vous ne manquerez jamais plus de rien.(à suivre...)