Objectif n Le Sénat a rassemblé pour deux jours une pléiade de spécialistes pour tenter de trouver les mécanismes appropriés à la protection d'une économie en pleine libéralisation. Le Conseil de la nation ose le débat : la quatrième édition des «journées d'études parlementaires sur le défense nationale» a été consacrée, cette fois-ci, à la notion de «la défense économique». Des universitaires nationaux et étrangers débattent de ce thème depuis hier. La commission de la défense nationale du sénat organise, depuis 2001, des discussions qui sont en rapport avec son activité, mais c'est la première fois qu'elle aborde la question de la «défense économique». Le thème a été porté à l'ordre du jour de la commission sur suggestion du président de la République, affirme le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, qui a inauguré la manifestation au siège de l'institution. A l'occasion du 53e anniversaire du déclenchement de la révolution (1er Novembre), Abdelaziz Bouteflika écrit, entre autres, dans l'éditorial de la revue El Djeïch : «S'agissant de notre souci de doter l'Algérie d'un instrument de défense fiable et moderne à même de lui garantir l'intangibilité de ses frontières, la protection de son économie et de sa souveraineté, il est important que soit engagée une réflexion approfondie sur notre conception de la défense autour de laquelle devrait se dégager un consensus aussi large que possible. Il s'agit là d'une exigence qui garantira la permanence de nos choix en la matière et en même temps l'élaboration progressive d'une véritable culture de défense nationale (...)». Les précédents débats organisés par le Sénat, précise M. Bensalah, ont débouché sur la nécessité de donner un contenu global à la notion de «défense nationale». «A partir de cette conception, nous avons opté pour l'organisation de ces journées d'études autour de la défense économique sachant la difficulté et la sensibilité du sujet», ajoute-t-il. L'orateur avance que «la protection des économies nationales est une demande vitale pour assurer la sécurité nationale et la stabilité des pays». Cette même stabilité qui est à chaque fois menacée par un ordre économique mondial désordonné, travaillé en profondeur par les crises financières, le diktat des multinationales et les prises de décision unilatérales. Les conséquences sont parfois dramatiques : crises alimentaires, conflits armés et soulèvements populaires. Dans ce sens, l'expert en pétrole, Nicolas Sarkis, a prédit, hier, plus de pression sur les pays producteurs de pétrole par les grandes puissances, afin de les amener à produire plus de pétrole. Cette pression risque de compromettre la survie des économies des pays producteurs d'hydrocarbures. Le cas de l'Indonésie est édifiant. Jusqu'ici producteur, l'Indonésie est, depuis quelques jours, un pays importateur de pétrole. Un cas à méditer, selon les spécialistes. «Il n'y a pas de défense valable sans une économie forte», résume le président du Conseil de la nation.