Théorie n La kafala confère, en principe, au tuteur, le droit de prendre en charge l'entretien, l'éducation et la protection d'un enfant mineur, au même titre que le ferait un père pour son enfant. Dans la réalité de notre société, malheureusement, certains de ces liens sont loin d'être réels. Nous voyons sans cesse des cas de jeunes adoptés qui se retrouvent à la rue ou qui sont maltraités alors qu'ils étaient désirés et longuement attendus par les parents adoptifs qui voulaient un enfant parce qu'ils n'en avaient pas. Et ce ne sont sûrement pas les exemples qui manquent. C'est le cas d'Amina de Constantine, 40 ans, mère de 4 enfants. Elle a été rejetée par son mari parce qu'il a appris qu'elle était née sous ‘'X''. «J'ai été victime des terroristes et des fous dans les rues», raconte-t-elle. elle est actuellement dans un centre d'accueil pour femmes en difficulté. «Je souhaiterais avoir un logement pour regrouper mes enfants, dont 2 sont placés dans d'autres familles et 2 autres gardés par leur père», nous dit-elle. Assia, une autre femme de 34 ans, raconte presque le même malheur : «Ce n'est pas ma faute si je suis née sous ‘'x''. Mes parents ont fait une bêtise et doivent avoir refait leur vie chacun de son côté, et c'est moi qui en paye maintenant les conséquences. J'ai des informations sur ma vraie mère, mais je n'ai pas le courage de la rechercher.» Assia a été adoptée à Boufarik par une famille qui lui a rendu la vie amère depuis le décès de la maman adoptive. «Je n'ai su la vérité qu'à l'âge de 11 ans. J'ai eu l'examen de 6e, mais mes frères et sœurs m'ont empêchée de poursuivre mes études ou de faire un stage. J'ai donc fugué sans me rendre compte de ce que je faisais à mon âge, pour être, ensuite, violée par un jeune sans scrupules», nous confie-t-elle. A 29 ans, elle s'est rendue à l'assistance sociale. «Moi qui étais une fille dorlotée et vivant dans elkhir (l'abondance), je me suis retrouvée sans rien et, à ce jour, aucun membre de cette famille n'a cherché après moi.» Hafidha, 36 ans, est une autre pensionnaire du centre. Sa particularité est qu'elle est muette, épileptique, asthmatique et analphabète. Elle a été adoptée à l'âge de 10 ans. Plus tard, elle a été recueillie par la sœur de sa mère adoptive. Une femme sans foi ni loi, selon une pensionnaire qui sert de traductrice. Elle lui faisait faire le ménage sans se soucier de son handicap. Le cas du jeune Larbi, 29 ans, est tout aussi pathétique. Il se retrouve après le décès de son père adoptif à la merci d'un frère aîné qui a tout fait pour le priver de l'héritage. Pis, le malheureux cherchait sa maman, mais cette dernière ne veut pas le voir car elle aurait refait sa vie.