Constat n Les prix du pétrole ont été multipliés par cinq depuis 2003 pour de nombreuses raisons, notamment les tensions politiques au Moyen-Orient et la hausse de la demande dans les pays émergents comme la Chine et l'Inde. Les pays du G8 ont adressé, le 15 juin, un avertissement aux spéculateurs, soupçonnés d'être en partie responsables de l'envolée des prix du pétrole. Réunis à Osaka, les représentants des pays les plus industrialisés de la planète (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) ont aussi demandé au Fonds monétaire international (FMI) d'enquêter sur la volatilité et la flambée des cours du brut. Même si la plupart des ministres ont avoué ignorer à quel point la spéculation a une influence sur les marchés de l'énergie, leurs remarques sont clairement destinées à faire peur à ceux qui achètent et revendent du pétrole par pur opportunisme, analysent les économistes. «Il est révélateur que les membres du G8 aient insisté sur leurs craintes partagées de l'inflation. C'est un message aux spéculateurs, pour tenter de contrôler la situation sur le marché», estime un analyste. Chez les gros consommateurs, l'impact de la spéculation est sujet à controverse. L'Italie y voit la première cause de la flambée du brut. Les Etats-Unis affirment que le vrai problème, c'est l'insuffisance de la production. Les pays producteurs donnent une autre explication. Le président de l'Opep, Chakib Khelil, considère que le prix du baril de pétrole serait de 70 dollars «s'il n'y avait pas de bulle spéculative». «Le problème qui se pose, c'est la crise économique aux Etats-Unis, qui a conduit le dollar à baisser fortement et aussi les menaces contre l'Iran qui ont augmenté les tensions géopolitiques», déclare M. Khelil. Ces deux paramètres «ont conduit à ce qu'il y ait une augmentation du prix de pétrole qui n'a rien à voir du tout avec l'offre et la demande», affirme-t-il. Le secrétaire général de l'Opep, Abdallah al-Badri, estime également que la spéculation et la faiblesse du dollar, et non une pénurie de l'approvisionnement sont à l'origine de la hausse constante des prix du pétrole. «Alors que les prix du brut pourraient encore grimper, on ne note aucun manque physique sur le marché et les stocks des principaux pays consommateurs sont à des niveaux confortables», estime-t-il. «Le rôle accru de la spéculation est un grand sujet d'inquiétude pour nous tous», affirme M. al-Badri. L'Iran n'a pas hésité à accuser des «puissances» de faire monter «artificiellement» le prix du pétrole à des fins économiques ou politiques. «La hausse de la consommation est inférieure à celle de la production. Le marché est bien fourni (mais) les prix augmentent et cette situation est artificielle et imposée» par des puissances, déclare le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Les prix du pétrole ont été multipliés par cinq depuis 2003 pour de nombreuses autres raisons, notamment les tensions politiques au Moyen-Orient et la hausse de la demande dans les pays émergents comme la Chine et l'Inde.