Résumé de la 162e partie n L'auteur de l'appel téléphonique demande une somme mirobolante pour dire où se trouve le bébé volé… Alvirah, bien que sceptique, accepte de payer. «Souviens-toi, grand-mère, je ne veux pas que des gens viennent voir mon bébé, je ne veux pas qu'on y touche en mon absence. — Vonny, personne ne met jamais les pieds ici à l'exception des sœurs qui passent une fois par semaine. Elles te plairaient beaucoup. Ce sont le plus souvent sœur Cordelia et sœur Maeve Marie. Elles s'assurent que les personnes comme moi ont de quoi se nourrir, ne sont pas malades et que le chauffage et la plomberie fonctionnent. Ainsi, pas plus tard que le mois dernier, sœur Cordelia a envoyé son frère, Willy, qui est plombier, parce qu'il y avait une fuite sous l'évier de la cuisine et que tout était moisi. Un homme charmant. Sœur Maeve Marie est venue lundi, mais aucune ne repassera avant le premier de l'an. Elles m'apporteront juste un dîner de Noël. Il est toujours très bon, et je sais qu'il y en aura assez pour toi aussi. — Je serai repartie alors. — Bien sûr. Tu veux passer Noël avec ton mari.» Vonny enfila son anorak bleu. Ses cheveux noirs tombaient en désordre sur ses épaules. A la porte elle se tourna vers sa grand-mère. «Je vais lui rapporter de jolies affaires. J'aime tellement mon bébé. J'aimais aussi mes autres bébés.» Une expression de souffrance tordit son visage. «Ce n'était pas ma faute. — Je sais, ma chérie», dit Wanda d'un ton apaisant. Elle attendit que Vonny fût partie depuis assez longtemps, s'assurant qu'elle était sortie de l'immeuble, puis posa l'enfant sur le divan et l'enveloppa dans son châle élimé. S'emparant de sa canne, elle prit le biberon et claudiqua jusqu'à la cuisine. Un nouveau-né ne doit pas boire de lait froid, se dit-elle, soudain inquiète. Elle versa de l'eau dans une petite casserole, y plaça le biberon, mit le tout sur le fourneau et alluma le gaz. En attendant que le biberon fût à la bonne température, elle se tourmenta à la pensée du long voyage que Vonny et le bébé allaient entreprendre en car jusqu'à Pittsburgh. Puis elle se fit une autre réflexion. Lors de sa dernière visite, sœur Maeve Marie lui avait dit que les sœurs ouvraient une boutique de vêtements et d'accessoires d'occasion dans la 86e Rue. Les gens pouvaient y acheter de quoi s'habiller pour presque rien, voire pour rien s'ils n'avaient pas d'argent. Peut-être devrait-elle téléphoner aux sœurs et leur raconter qu'on avait volé à Vonny la valise de son bébé. Peut-être auraient-elles de jolis vêtements à lui proposer. Le biberon était maintenant suffisamment chaud et Wanda revint en boitillant jusqu'au divan. Tandis qu'elle nourrissait le bébé, lui frottant doucement la joue pour l'empêcher de se rendormir, elle réfléchit, hésitant encore à appeler sœur Maeve Marie. Non, décida-t-elle enfin, mieux valait attendre. Avec un peu de chance, Vonny rapporterait peut-être de la jolie layette. En outre, Vonny avait bien dit qu'elle ne voulait pas que des gens viennent voir son bébé. L'interdiction incluait sans doute les sœurs. (à suivre...)