Le trafic et la consommation de la drogue ont pris dans notre pays une ampleur inquiétante. Les institutions concernées tirent, encore une fois, la sonnette d'alarme alors que les douanes mettent en branle les gros moyens pour mieux filtrer nos frontières notamment ouest, le Maroc étant le principal pourvoyeur. Quelque 22 000 personnes ont été impliquées dans la vente et/ou la consommation de la drogue dans notre pays, selon les statistiques du Centre national de lutte contre les stupéfiants (CLS). Plus de 6 000 narcotrafiquants ont ainsi été arrêtés en 2007, selon la même source qui indique que 16,5 t de résine de cannabis et 23 kg de cocaïne ont été saisis au cours de la même année, soit avec une échelle d'augmentation de 6%. De leur côté, les douanes algériennes annoncent la saisie, durant le premier semestre 2008, de 2 t de résine de cannabis, alors qu'en 2007 la quantité était de 3 t et en 2006 de 3,5 t. C'est ce qu'a annoncé, ce matin, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, Medjbar Bouanam, directeur de la lutte contre la fraude aux douanes algériennes. Selon lui, l'ampleur des saisies de drogue notamment la résine de cannabis «ne signifie pas une quelconque baisse de vigilance de la part des services des douanes. L'enjeu de ce trafic est beaucoup plus important que l'on imagine, étant donné que le marché de la drogue est considéré comme un marché porteur». En l'espace de quelques années, notre pays a troqué son «statut» de pays de transit pour celui de consommateur et ensuite de producteur. Les plantations de cannabis découvertes récemment dans plusieurs régions du pays (Adrar et Béjaïa tout particulièrement) en sont la preuve irréfutable et confirment cette tendance. Par conséquent, les douanes algériennes «qui en ont pris désormais conscience» ont décidé de renforcer le dispositif dissuasif à l'égard des narcotrafiquants. Selon Bouanam, une cinquantaine de postes de contrôle sont en cours d'installation aux frontières est et ouest, dont 21 orientés vers la frontière avec le Maroc qualifiée de «zone à risque». De plus, les douanes ont d'ores et déjà acquis une vingtaine de chiens spécialement entraînés pour ce genre de «missions» ainsi que des hélicoptères. Le gros de ces «acquisitions» sera orienté, souligne l'invité de la radio, vers les frontières avec le royaume chérifien. Ce pays «voisin» demeure en effet la principale source d'«approvisionnement» en cannabis de l'Europe occidentale, considérée comme le plus gros marché du monde. L'Algérie, pays limitrophe, n'est pas, en conséquence, épargnée par ce trafic à destination de l'Europe, vu que le plus gros de ce trafic se fait via ses frontières ouest. A signaler enfin que ce seraient 126 millions de personnes recensées annuellement à travers le monde qui s'adonnent à la consommation de la drogue, particulièrement la résine de cannabis. Cette drogue est fabriquée dans 176 pays, notamment l'Afghanistan qui demeure le premier gros producteur, puis viennent le Pakistan et le Maroc. Selon le représentant des douanes, seule une action concertée et coordonnée entre tous ces pays pourrait venir à bout de ce fléau.