Ce phénomène est alarmant du côté de la bande frontalière que nous partageons avec le Royaume chérifien. Au moins 111.141 litres de carburants (gasoil et essence), 543.506 pétards, 4246 kg de kif traité, 56 quintaux de câble électrique et 85 quintaux de tabac à chiquer ont été saisis aux frontières algéro-marocaines, en moins d'un mois par les services de la Gendarmerie nationale. Un record établi par la contrebande qui semble être florissante alors que les frontières sont officiellement fermées entre les deux pays depuis 1994. Il dénote ainsi l'activité criminelle des réseaux de la contrebande et démontre que le trafic est à son comble. Il y a quelques années, la quantité de carburants saisie ne dépassait pas les 68.000 litres. C'est dire l'ampleur de ce trafic ces dernières années. Produits destinés au commerce illicite, cette inquiétante flambée de la contrebande à l'ouest du pays est encore éloquemment illustrée par la spectaculaire saisie opérée, samedi dernier, par les hommes en vert. En effet, les gardes-frontières de la Gendarmerie nationale ont saisi plus de quatre tonnes de kif traité à Béchar. La drogue qui était dissimulée dans des véhicules tout-terrain, provenait du Maroc, selon un responsable des gardes-frontières, interrogé par l'Entv. La télévision nationale a alors montré des images de plaquettes de kif superposées, à telle enseigne qu'elles atteignaient la taille d'un mur, et qui devaient alimenter le marché national de la drogue et éventuellement, les marchés étrangers. Aussi, le problème de la contrebande aux frontières demeure encore dynamique. Si ce phénomène est d'un degré moindre à l'est (Tunisie), il est quasiment alarmant du côté de la bande frontalière que nous partageons avec le Royaume chérifien. Et la saisie qui vient d'être opérée dans la capitale de la Saoura, indique, encore une fois, que les trafiquants qui, jusqu'alors, utilisaient exclusivement la localité de Maghnia (frontière algéro-marocaine) comme point de passage du kif traité, sont toujours à la recherche d'espaces plus vastes. Les contrebandiers semblent ainsi choisir les wilayas de Naâma, El Bayadh, Laghouat, Ghardaïa, Ouargla, Illizi et El Oued, dans le centre désertique du pays, pour acheminer la drogue vers la Tunisie et la Libye. Une hypothèse qu'auront souvent confirmée les responsables de la lutte contre le crime organisé sur les circuits d'acheminement, les modes de dissimulation et les relais des transactions de drogue. L'Algérie est passée du statut de pays de transit de la drogue en provenance du Maroc à celui de pays consommateur et producteur de drogue. Les autorités ont tiré la sonnette d'alarme et décidé de renforcer les contrôles tout le long de la frontière terrestre avec le Maroc, via des brigades mixtes entre les Douanes et la Gendarmerie nationale. A noter que le Royaume chérifien est le plus grand fournisseur de drogue pour l'Algérie.