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Au coin de la cheminée
Un certain renard (1re partie)
Publié dans Info Soir le 01 - 07 - 2008

Il était une fois... Quand le crible était dans la paille... Il était une fois un homme qui, selon les jours, était ouvrier ou pêcheur. Un jour qu'il était sans travail, il avait attelé les bœufs à la charrette et était allé au bord de la mer attraper des poissons. Il remplit un panier, deux paniers et, vers le soir, chargea le tout sur la charrette pour retourner au village. En chemin, un certain renard, par l'odeur alléché, se demandait comment faire pour les prendre ? Il en avait une envie folle et finit par trouver une ruse.
Il court vite, se couche au milieu de la route, les quatre pattes écartées, et, au moment où la charrette approche, il retient son souffle, faisant semblant d'être mort. Notre homme le voyant ainsi en travers de la route se dit qu'il avait de la chance et que la peau de cette bête ferait le bonheur de sa femme qui avait un manteau de fourrure bien usé. Sur ce, il attrape le renard par une patte. le jette dans la charrette, et, sans regarder derrière lui, allume une cigarette et continue son chemin. Le renard en profite pour jeter sur la route tous les poissons, puis se sauve.
Arrivé au village le paysan crie pour vendre sa marchandise. Quelqu'un s'approche et demande un kilo de poissons, alors il arrête les bœufs pour servir son client, mais il n'y a plus ni poisson ni renard... Quel malheur ! Comme il habite près du rivage, en passant devant sa maison, il a crié à sa femme, qui préparait le pain, de jeter sa fourrure dans le four, car il lui en rapportait une toute neuve. Celle-ci avait déjà dû brûler sa fourrure et, pour cette bêtise, il allait sûrement être battu. Il rentre chez lui, range la charrette et raconte sa mésaventure... Mais laissons-les donc là tous les deux à se lamenter...
Pendant ce temps-là, le Renard ramasse tous les poissons à l'orée d'un bois, s'installe et commence à manger. Sur ces entrefaites arrive l'Ours :
— Oh, ami Renard à petite queue ! Bon appétit ! Que Dieu t'en donne davantage ! Veux-tu m'en prêter un peu ?
— Pourquoi cela ? Je me suis battu comme un diable pour les attraper.
— Eh bien ! Puisque tu sais aussi pêcher, aide-moi donc, Renard à petite queue !
Le Renard était très vexé que l'Ours l'ait appelé ainsi, aussi décide-t-il de se venger. Il l'envoie voler un seau et une corde. Arrivés au bord de l'eau, le Renard noue solidement un bout de la corde à l'anse du seau, l'autre bout à la queue de l'Ours, et il jette le seau à l'eau :
— Quand les poissons seront dedans, je te préviendrai, tu tireras bien fort d'un coup sec pour qu'ils ne se sauvent pas.
— Bien.
Dès que le seau est plein d'eau, il le prévient. Notre Ours, ayant tiré de toutes ses forces, se retrouve avec la queue coupée à ras, et, fou de douleur, il se met à la poursuite du Renard pour le tuer.
Ils courent, ils courent, ils courent. Au moment où l'Ours est sur le point de rattraper le Renard, il y a en travers du chemin un arbre fourchu. Le premier passe aisément et se sauve, le second reste coincé entre deux branches jusqu'au matin.
Ce jour-là, notre pêcheur de la veille s'en allait au champ semer et labourer. En passant devant l'arbre fourchu, il voit l'Ours qui lui fait signe de le sortir de là. Le bonhomme refuse : «Une fois sauvé, tu me mangeras», l'autre nie : «Non !», il s'ensuit une discussion, enfin, après quelques hésitations, il coupe une branche avec sa hache, délivrant ainsi l'animal qui se lance aussitôt à la poursuite de son ennemi.
Le paysan laboure... L'Ours court, mais il ne retrouve pas le Renard. Comme il meurt de faim, il revient sur ses pas :
— Ami, j'ai faim ! Je vais te manger !
— Eh, eh ! Tu m'avais pourtant promis de n'en rien faire. Si tu as faim, prends le pain qui est dans ma sacoche.
.............
— Ami, j'ai encore faim ! Je vais te manger !
— Non, je t'en prie ! Ne me mange pas ! Tiens, prends la courroie ?
.............
— Ami, j'ai toujours faim ! Je vais te manger !
— Non, je t'en prie ! Tiens prends le bœuf !
.............
Le soir, le bonhomme rentre chez lui avec un seul bœuf. Le lendemain, de peur d'être dévoré par l'Ours, il ne retourne pas au champ. (à suivre...)


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