Comme les autres personnages masqués, l'Amghar Ucheqquf, quémande de la nourriture. Suivi par un groupe de jeunes gens, il va frapper aux portes, demandant des beignets, des pâtisseries à base d'œufs, des figues sèches. Il les met dans le grand sac qu'il traîne et il va les manger avec ses amis. L'Amghar Ucheqquf se manifestait également à l'occasion des mariages. On habille un parent du marié (généralement le fils de l'oncle maternel) et on l'envoie, de maison en maison, chercher des œufs crus. Quand une femme fait mine de refuser de faire un don, l'Amghar la menace de son bâton. Les œufs représentent, ici, la fertilité, ils sont le gage d'une descendance nombreuse qu'on souhaite pour le marié. D'ailleurs, l'un des plats que l'on sert souvent, en Kabylie, aussi bien pour les mariages que pour les naissances est toujours à base d'œufs : c'est la fameuse tah'boult n tmellalin, des œufs cuits avec de la semoule et agrémentés d'une sauce piquante, ou encore timchewecht, omelette arrosée de miel. Dans certains villages, comme chez les Aït Yedjer, Amghar Ucheqquf a été réduit à l'état d'épouvantail : son image sert juste à éloigner les oiseaux ! Mais un personnage de carnaval, proche de l'Amghar de l'Akefadou, a existé : il s'appelait Amghar n ldjennet, «Vieillard du paradis», parce qu'on pense que son apparition est porteuse de bénédiction.