Dans la région de Yakourène, un personnage du genre d'Amghar Ucheqquf a existé. Il est vêtu, lui aussi, de haillons, et porte en guise de masque, une courge percée de trous pour les yeux et la bouche. Ce personnage, qui porte le nom de Bou'âfif, apparaît la nuit précédant le 27e jour du ramadan, la vieille de l'aïd el-adh'a (jour de la station d'Arafat) et la nuit précédant l'Achoura. Il s'agit là de nuits célébrant des événements majeurs, où des fêtes musulmanes ont absorbé de nombreux rites anciens. Bou'âfif demande également de la nourriture, plus spécialement des crêpes, préparées à l'occasion de ces fêtes religieuses. Comme Amghar Ucheqquf, Bou'âfif se produit également au cours des événements heureux : mariages, circoncisions, on l'associait également aux rogations de la pluie et parfois aux fêtes précédant le printemps. Bou'âfif amuse tout le monde par ses pitreries, et surtout sa voracité. On lui adjoignait parfois une compagne : Bou'âfifa, un jeune homme déguisé en femme, et les participants s'amusent à les dresser l'un contre l'autre. Les scènes, animées par des musiciens, tournaient parfois à la grivoiserie, c'est pourquoi le public de ces pitreries était masculin, les femmes se contentant de suivre de loin, à la dérobée.
