«Go Fast», ou «Aller vite». Sur route ou sur mer, les trafiquants qui ravitaillent l'Europe en cannabis marocain ont compris que, dans leur partie de cache-cache avec policiers et douaniers, la vitesse est un atout majeur. Sur route, ils transportent leurs cargaisons dans de puissants 4x4 ou de grosses berlines, le plus souvent allemandes et volées. En convois, au cœur de la nuit, ils remontent d'Espagne à tombeau ouvert sur les autoroutes, forçant les barrages si nécessaire. Ils roulent à 200 km/h : les trafiquants savent qu'en adoptant la technique du «go-fast», ils sont difficiles à arrêter. En transposant sur la route ce mode de transport inventé dans les Caraïbes par des hors-bord ultrarapides, ils posent des problèmes aux policiers. «Pas question d'intervenir sur les voitures en mouvement, ils roulent trop vite», explique un policier. Pris en filature sur des centaines de kilomètres, le convoi est pisté en permanence. Seul un hélicoptère de la marine et son tireur d'élite sont alors efficaces, dans le cadre d'une opération lourde comprenant aussi un avion, une frégate et des commandos de marine. Après plusieurs tirs de semonce et s'il n'y a pas de réaction, feu vert est donné aux «tirs de neutralisation», directement dans les moteurs. Les commandos de marine peuvent alors accoster, bientôt rejoints par des douaniers chargés des perquisitions.