Témoignage n Il exerçait ce métier depuis plusieurs années à Larbaâ (ex-Rovigo), bien avant l'ouverture du marché de Attatba. Ce porteur quinquagénaire a accepté de témoigner. «C'est grâce à deux roues et un cadre que j'ai confectionné moi-même, que j'arrive difficilement à nourrir mes sept enfants dont certains ne vont plus à l'école, car je ne peux pas subvenir à tous leurs besoins, surtout que mes revenus ne sont pas stables. Je peux toucher 200 DA comme je peux gagner seulement 50 DA par jour. Mon seul souhait, c'est d'être assuré un jour pour faire face à la situation en cas d'accident ou de maladie, car il arrive que des hammaline comme moi soient victimes d'accidents», affirme-t-il. Tayeb a vingt ans. Il habite dans un village distant de six kilomètres de Attatba. Et il a dû quitter très tôt l'école pour aider sa famille de 8 personnes. Depuis un an, il fréquente ce marché. Il a loué une charrette à 400 DA la semaine car il ne peut se permettre d'en acheter une. «Si je faisais mes comptes, mon vrai chiffre d'affaires serait de 40 DA par jour. Mais je suis patient. C'est en tout cas mieux que de verser dans la débauche ou encore voler.» Mohamed, qui a seulement 17 ans, confie qu'il exerce ce métier depuis 4 ans, soit depuis l'âge de 13 ans. Il se plaint, lui aussi, du fait que l'activité ne soit pas régulière, avec des creux qui le contraignent à ranger sa charrette. Mohamed Belhadj Tahar, 45 ans, arrive à peine à répondre à nos questions. Ce père de 3 enfants est là depuis 3 heures du matin. Il travaille dans ce marché depuis 13 ans et ne s'est permis une charrette à 4 000 DA que depuis 6 ans. «J'ai commencé sans charrette et c'était vraiment fatigant de transporter les caisses sur les bras», indique-t-il. Il nous apprend qu'il réside dans un gourbi. Lui aussi avoue qu'il ne peut pas subvenir à tous les besoins de sa famille, notamment les manuels scolaires pour ses enfants qui sont au lycée et au CEM. C'est dans une situation presque identique que se trouve Mohamed, quarante-sept ans et père d'un enfant. «Je n'ai même pas pu me permettre un logement décent. J'occupe actuellement un gourbi. Grâce à la charrette, je peux transporter jusqu'à 5 tonnes. J'exerce dans ce marche depuis quatorze ans, mais cela fait seulement huit ans que j'ai ma charrette. Il m'arrive de rester ici toute la journée pour ne gagner en fin de compte que 200 DA». Ali, 35 ans, semble fier de son métier et surtout de sa charrette. «J'ai une charrette Turbo», dit-il fièrement en montrant son outil de travail. Lui aussi se met vite à se plaindre : «Les mandataires et les acheteurs nous fixent leurs prix. Ils nous contraignent parfois à travailler pour trois dinars la caisse. Mais nous n'avons pas le choix. C'est mieux que de voler.» Pour certains mandataires, les charretiers ne sont pas exempts de tout reproche. Il évoque le phénomène du vol de casiers vides par certains porteurs qui les revendent à d'autres mandataires. Son collègue abonde dans le même sens et affirme qu'il a été agressé par un charretier qui lui a volé ses casiers. Mais il se montre compréhensif : «Ils sont vraiment dans le besoin, raison pour laquelle ils volent des casiers pour les revendre.»