Un an après l'annonce, le 26 décembre 2002, de la naissance du premier enfant cloné, les raéliens n'ont toujours pas fourni la moindre preuve de leurs dires. Les autres scientifiques ayant affirmé s'être lancés dans des programmes de ce type ont choisi de ne plus s'exprimer sur ce thème. C'était le 7 août 2001, un an et demi avant que les raéliens n?annoncent, sans jamais le démontrer depuis, la naissance d'un premier clone humain. A Washington, au siège de l'Académie nationale américaine des sciences, montaient à la tribune trois partisans affirmés de la mise en ?uvre de la technique du clonage reproductif dans l'espèce humaine. Brigitte Boisselier, «directrice scientifique» de l'Eglise raélienne, le gynécologue-obstétricien italien Severino Antinori et le responsable de l'Institut américain d'andrologie, Panayiotis Zavos, étaient officiellement invités, dans ce temple moderne de la science, à participer à un débat «sur les aspects scientifiques et médicaux du clonage humain». Les organisateurs de ce débat mesuraient-ils alors à quel point cette invitation allait, d'une double manière, influer sur le débat sur le clonage ? D'abord, en laissant penser que les trois invités étaient des membres éminents de la communauté internationale des biologistes de la reproduction. Ensuite, en laissant supposer que l'application à l'homme de ce procédé technique était chose acquise ou presque. Severino Antinori, connu jusqu'alors pour quelques succès en matière de naissances obtenues chez des femmes ménopausées, profita de cette tribune pour annoncer le lancement du premier programme international de clonage humain à visée reproductrice. En avril 2002, il annonçait que trois femmes étaient enceintes après implantation d'embryons humains obtenus à partir de la technique du clonage. Il précisait que deux de ces femmes vivaient en Russie et qu'une troisième habitait dans un «Etat islamique» ; il ajoutait, prudemment, qu'il n'était pas personnellement impliqué dans ces grossesses. Il affichait son intention de développer la pratique du clonage et affirmait que trois femmes enceintes d'embryons clonés accoucheraient entre décembre 2002 et janvier 2003. Sept mois plus tard, le 26 décembre 2002, les responsables du mouvement raélien annonçaient avoir réussi la «première» que l'Italien prédisait, déclenchant un intérêt médiatique et une émotion sans précédent. Un an a passé et, en dépit des engagements réitérés des responsables raéliens, aucune preuve scientifique n'a été fournie qui permettrait de penser que leurs dires ne sont autre chose qu'une vaste esbroufe à visée publicitaire et financière. Si les raéliens continuent à se livrer à une surenchère d'annonces, les autres promoteurs du clonage ont, eux, choisi de se faire oublier. A Rome, dans son centre de traitement de la stérilité, M. Antinori a décidé de ne plus prendre publiquement la parole, si ce n'est pour s'élever contre les termes de la nouvelle loi italienne très restrictive sur l'assistance médicale à la procréation. Quant à Panayiotis Zavos, il observe le même silence que son confrère et, comme lui, décline toutes les demandes d'entretien.