A Marrakech et dans le Haut-Atlas, la cuiller est habillée comme une mariée. On confectionne des habits neufs et on en pare deux cuillers attachées en croix et fixées à un roseau. Sur la partie bombée de la cuiller verticale, on dessine les traits du visage avec de la teinture noire : yeux, nez, bouche, on maquille les joues avec du fard rouge. On lui recouvre la tête d'un foulard, on lui accroche des colliers et des boucles d'oreilles. Une femme d'âge mûre porte la poupée, elle est suivie de deux ou trois autres femmes, portant des paniers, pour recueillir les offrandes. On va visiter, promenant la poupée en procession, les principaux mausolées de la ville. On chante, en arabe : «Taghonja a découvert sa tête ! Ô Seigneur ! mouille ses pendants d'oreilles ! Taghonja, ô mère d'espérance ! Ô Dieu ! donne-nous la pluie !» Les enfants se joignent au cortège et on va quêter des offrandes. Les gens arrosent d'eau la poupée et la procession. On ne s'arrête qu'à une heure tardive de la nuit et la cérémonie est répétée, si la pluie ne tombe pas, trois nuits consécutives. A la fin, les femmes se réunissent dans la maison où elles ont préparé la poupée, et se partagent les offrandes.