Principale prison de Côte d'Ivoire, la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) vit depuis un mois au rythme des puissants barons de la filière du cacao, arrêtés dans le cadre d'une enquête sur de gigantesques détournements présumés d'argent. Les jours de visite, de rutilantes voitures sont garées devant la Maca, où sont enfermés la quasi-totalité des dirigeants des structures de régulation du cacao. La prison connaît un véritable défilé de personnalités, notamment politiques. A l'intérieur, l'arrivée des «prisonniers du cacao», comme on les appelle, bouscule aussi les habitudes. Placés en détention provisoire par le juge d'instruction en charge de l'enquête, la vingtaine de responsables arrêtés sont logés au «bâtiment des assimilés» réservé aux délinquants à «col blanc». Certains ont été autorisés à repeindre leur cellule ou à y installer des ventilateurs. Un espace a été également aménagé pour accueillir leurs avocats, mais aussi leurs amis ou parents. «Notre incarcération est politique», affirme un des prisonniers en référence à l'élection présidentielle du 30 novembre. Ouverte en octobre 2007 à la demande du président Gbagbo, l'enquête sur le cacao a débouché sur l'inculpation fin mai des responsables de la filière pour «détournement de fonds, abus de biens sociaux, escroquerie et faux et usage de faux en écriture de commerce ou de banque». La presse évoque plusieurs centaines de milliards de FCFA (plusieurs centaines de millions d'euros) détournés.