Dante Gabriel Rossetti est Anglais, comme son nom ne l'indique pas. Il est le fils d'un professeur italien poète considérable – immigré à Londres où notre futur peintre et poète voit le jour en 1828. Il a la chance de naître dans une famille cultivée et attentive, ce qui est une grande chance pour ce surdoué. Dante a une sœur, Christine, qui est poète ; il a aussi un frère qui s'est lancé dans la critique d'art. En 1847, à dix-neuf ans, Dante publie un poème dont le titre sera désormais associé à sa gloire : La Demoiselle élue. Plus tard, sous le même titre, Dante peint aussi un tableau. Debussy vit-il la peinture ? En tout cas, d'après le poème il compose à son tour une cantate pour soli, chœur et orchestre, toujours sous le même titre. Rossetti se rallie assez vite au mouvement de peinture des préraphaélites, groupe d'artistes symbolistes de la seconde moitié du XIXe siècle. Pour eux, les sommets de la peinture ont été atteints par les maîtres italiens qui ont précédé Raphaël. Ils se font les champions d'une peinture à sujets mystiques, d'une minutie extrême. Rossetti devient leur chef de file et peint L'Enfant de la Vierge. Puis, vexé par les critiques dont sa peinture fait l'objet, il cesse pratiquement d'exposer. Désormais, il se consacre surtout à l'aquarelle, et illustre les poèmes de Dante Alighieri. En 1850, Dante Rossetti rencontre la charmante Elizabeth Siddal, qui possède le physique diaphane et désincarné qu'il considère comme son idéal féminin. Il l'épouse dix ans plus tard. Mais Elizabeth est trop désincarnée... Au bout de trois ans de vie conjugale, elle rend son âme à Dieu. Rossetti, poète autant que peintre, avait écrit tout un livre de poèmes dont le thème principal était son épouse. Quand vient le jour des funérailles, Rossetti saisit le petit ouvrage manuscrit et adresse un dernier discours au cadavre : «J'ai écrit ces vers alors que tu étais plongée dans des souffrances mortelles. J'aurais dû être plutôt à ton chevet, occupé à te tenir la main essayant d'éloigner de toi les angoisses. Il est donc juste et légitime que tu emportes avec toi, en tribut ces poèmes qui m'ont éloigné de toi.» (à suivre...)