Constat n Après plusieurs années de léthargie, le théâtre algérien, selon quelques observateurs, renoue avec une dynamique de plus en plus permanente et concluante. «Le théâtre d'Etat retrouve peu à peu ses marques», a déclaré Mohamed Kali, journaliste et critique d'art dramatique, ajoutant : «Le soutien financier lui a permis ces dernières années de se régénérer, de se réorganiser.» Et de poursuivre : «Je suis optimiste quant à l'avenir du théâtre algérien. L'effort se poursuit avec une nécessaire compétitivité.» Ainsi, Mohamed Kali, rencontré en marge de la 3e édition du festival national du théâtre professionnel et pour qui celle-ci se révèle nettement meilleure que la 1re, en 2006, a estimé que l'activité théâtrale s'améliore, s'enrichit et même se diversifie. «Il y a une diversité dans la pratique théâtrale», a-t-il relevé, soulignant que «c'est un théâtre qui trouve sa voie, il faut juste lui donner le temps». «La 3e édition du festival national du théâtre professionnel démontre le parcours qualitatif fait par le théâtre depuis la 1re édition, même si le festival est à mi-parcours», a-t-il fait remarquer. Et de constater encore : «On peut enregistrer une meilleure cuvée. Il y a un foisonnement de productions.» Mohamed Kali a toutefois estimé que même s'il y a un regain d'activité qui s'opère sur le plan quantitatif, il reste néanmoins que, sur le plan qualitatif, les niveaux diffèrent d'un produit à l'autre. «Il y a du bon et du mauvais», a-t-il souligné. Mais il garde un regard plutôt favorable sur l'effort fait par les uns et les autres. «Ce qui m'a vraiment beaucoup marqué dans les spectacles, c'est bien la présence des scénographies qui, à mon sens, constitue l'aspect le plus remarquable notamment sur le plan esthétique. Côté jeu, il y a une interprétation juste et convaincante des comédiens. Ce qui m'a encore marqué, c'est bien la diversité au plan tant de l'esthétique que de l'imaginaire. Il se trouve que la thématique reste globale dans la mesure où elle reflète les préoccupations des artistes. Les sujets traités renvoient les uns aux autres.» Mohamed Kali, pour qui il y a «une capitalisation du fait théâtral», a fait constater que «sur le plan de la forme, si l'esthétique de la parole prédominait, il s'avère que, aujourd'hui, l'on assiste à une présence de plus en plus imposante de l'esthétique scénique.» S'exprimant ensuite sur l'apport du théâtre amateur pour le théâtre professionnel, Mohamed Kali, pour qui le théâtre amateur a pris, au moment où le théâtre d'Etat s'est dévitalisé, une avance sur le théâtre public, a soutenu l'idée que «l'un et l'autre se complètent» dans «un esprit de compétitivité artistique». Enfin, interrogé sur la manière par laquelle le théâtre algérien évolue, Mohamed Kali a soutenu : «Le théâtre s'inscrit dans la modernité, dans le contenu comme dans la forme. C'est un théâtre qui se rapproche des esthétiques actuelles. En outre, il y a des passerelles entre le 4e art et les autres formes artistiques, telles que la chorégraphie ou la vidéo, par lesquelles il s'enrichit et se complète.» Ainsi, Mohamed Kali, comme tant d'autres, développe un sentiment d'optimisme envers la pratique théâtrale. l Interrogé sur le théâtre de rue comme sur celui qui se pratique en général hors de la traditionnelle scène, Mohamed Kali a tenu à insister sur la nécessité de garder l'exercice théâtral au sein de l'enceinte théâtrale. «Pratiquer le théâtre dans la rue comme dans les usines ou autres lieux de représentation, c'est une expérience qui a été tentée, mais ça n'a pas donné», a-t-il indiqué. Et d'estimer : «Le théâtre a une bâtisse, un lieu qui lui est propre – et approprié. Le théâtre a un temple.» Plus tard, Mohamed Kali a relevé, en insistant sur le rôle de l'école dans l'enseignement du fait théâtral. «L'école doit jouer son rôle au plan artistique», a-t-il dit, en ajoutant : «Il faut enseigner l'art théâtral.» Enfin, et pour conclure, Mohamed Kali, pour qui le théâtre doit impérativement retrouver sa place parmi la société et doit vivre pleinement sa vie de création et cela d'une façon habituelle, a relevé la nécessité de développer le théâtre universitaire. «Le théâtre universitaire est d'un apport certain pour l'action théâtrale elle-même», a-t-il dit, ajoutant : «c'est un théâtre d'avant-garde. Le théâtre universitaire est comme un laboratoire Il privilégie la recherche et l'expérimentation. Le théâtre universitaire fait, à coup sûr, avancer le théâtre.»