Résurgences n Serre-moi fort… J'ai froid est un roman de M'Hamed Bouziane Larbi, paru aux éditions Alpha. après Le Piano d'Esther, Les Voix et les Ombres et le Goût de la terre, l'auteur renouvelle son aventure littéraire, celle d'écrivain, en publiant son quatrième roman. Comme dans les précédents, dans Serre-moi fort… J'ai froid, l'auteur invite ses lecteurs à un voyage pour une destination à la frontière de l'inconnu, voire hors du commun. Il propose, dans une noria de personnages, un imaginaire fait d'ici et d'ailleurs, notamment celui où il est question de Salim, l'un des principaux protagonistes du roman. Le lecteur est aussitôt saisi lorsque l'auteur, et cela par le biais de Salim, nous fait découvrir ou nous fait rappeler – et ressentir – la chaleur et l'amour maternel, celui par lequel on est bercé avant notre venue au monde, lorsqu'on n'est encore qu'un fœtus. Ainsi, on peut lire notamment dans le premier chapitre Mémoire d'in utero et d'ailleurs ceci : «(…) Maman et moi avons dormi souvent dans la rue, enfin, elle surtout. Moi, j'étais bien au chaud dans son ventre. (…)» Ce ventre, voire ce monde unique, exceptionnel dans lequel l'on perçoit et l'on se nourrit de sensations. Certes petit, seulement à l'état de fœtus, mais l'on garde ce passé évasif au plus profond de nous-mêmes. Serre-moi fort… J'ai froid est le récit de Salim, cet enfant qui, fruit d'un amour interdit, illégitime pour une société qui juge et ne pardonne pas, rêve encore d'un père qu'il n'a pas connu et ressent particulièrement, lorsque le besoin se fait sentir et devient pressant, sa prime mémoire, celle qui lui fait revivre ses instants où il nageait en plein bonheur bien à l'abri dans ce monde aquatique, un monde du dedans. Cette mémoire qui surgit en nous telles des résurgences et résonances musicales. Salim est le fils d'une mère célibataire. L'auteur nous raconte le regard, le mépris, les railleries et surtout les violences portées sur celui que les enfants traitent à haute voix de bâtard. Mais l'enfant ne réagit pas : «Je ne connais pas mon père mais je sais qu'il a existé. J'ai entendu sa voix et senti son odeur. C'est pour cela que je ne réagis pas quand les autres enfants de l'école me traitent de bâtard. Ils ne peuvent pas savoir ce que moi je sais…» Ainsi, et au milieu de tant de violence et tant de haine, de mensonges et de désillusions, Salim, l'enfant du péché, continue, en dépit de l'enfer terrestre, à vivre avec sa prime mémoire.