Menaces n La hausse du billet vert ainsi que le correctif qu'a subi la courbe de la demande mondiale de l'or noir, risquent sérieusement de fausser les calculs des pays exportateurs de pétrole. Les prix du pétrole ont de nouveau chuté, hier, vendredi, à New York, approchant le seuil de 110 dollars le baril, plombés par la hausse du dollar et la révision à la baisse des perspectives de demande par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre, a terminé à 113,77 dollars, en baisse de 1,24 dollar par rapport à son cours de clôture jeudi. En séance, il est tombé à 111,34 dollars. «Il semble que le pétrole se dirige vers un prix à deux chiffres», a estimé Phil Flynn, d'Alaron Trading. «Les investisseurs sont de plus en plus préoccupés du niveau du dollar, alors qu'il apparaît de plus en plus évident que le pétrole est entré dans une phase de consolidation», a expliqué un spécialiste des questions pétrolières, de MF Global. Le dollar a, de nouveau, fortement progressé vendredi face aux principales devises, passant sous le seuil de 1,47 dollar pour un euro. La hausse de la monnaie américaine rend moins attractif l'or noir, vendu en dollar, pour les investisseurs étrangers. «Le recul de la demande devient de plus en plus évident. Le dollar reprend des couleurs et les autres devises reviennent sur terre. L'Opep prévient d'une offre trop abondante alors que la demande baisse», affirme ce spécialiste. Dans son rapport mensuel, l'Opep a légèrement révisé ses prévisions de hausse de la demande de brut dans le monde à 1,17% en 2008 contre une précédente estimation de 1,20% à la suite de la persistance du ralentissement économique. Depuis son record du 11 juillet (147,27 dollars), le baril d'or noir a plongé d'environ 35 dollars. «Les menaces qui pèsent sur l'offre sont éclipsées par les signes de contraction de la demande», a relevé l'expert. Le rapport souligne aussi que la croissance de la demande de brut dans le monde prévue l'année prochaine, sera due uniquement à la forte demande des pays en développement. Paradoxalement donc c'est à l'approche de l'hiver aux USA, marquée traditionnellement par des demandes record en pétrole dans ce pays que les prix des pétrole ont fort symboliquement chuté. Ce fait ignore aussi étrangement une question aussi importante que le conflit entre la Géorgie et la Russie sachant que les oléoducs qui transitent en Géorgie constituent, pourtant, une source majeure de pétrole pour l'Occident, et ils sont en danger. La question iranienne et la tension – qui ne cesse de monter entre l'Occident et Téhéran – ont été aussi «occultées» par cette surprenante baisse de l'or noir.