La devise américaine s'est nettement raffermie par rapport à la monnaie unique européenne, 1,36 dollar pour 1 euro, minant du coup les cours de l'or noir qui ont clôturé la semaine à 71,19 dollars à New York. On a même cru au pire lorsqu'au cours de la séance de vendredi le prix du baril est descendu sous la barre des 70 dollars pour afficher 69,50 dollars. Pourtant tout se présentait sous les meilleurs auspices. Les cours de l'or noir restaient, en effet, sous le coup de deux formidables hausses successives qui, pensait-on allaient envoyer aux oubliettes la sévère chute de dix dollars enregistrée depuis la mi-janvier. Les cours du brut ont achevé, en beauté, la séance de la journée de mardi sur une hausse de 2,80 dollars par rapport à celle de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en mars a ainsi terminé à 77,23dollars. Lundi, il n'était pas non plus en reste puisque son gain s'est élevé à plus de deux dollars. Soit une hausse de plus de quatre dollars en l'espace de quarante-huit heures seulement. Ce climat d'optimisme allait vite retomber. Le coup de semonce fut donné mercredi. Les statistiques du rapport hebdomadaire du DoE, le département américain de l'Energie a révélé, le même jour, que les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté pour la troisième semaine consécutive. Une hausse de 2,3 millions de barils qui a contrarié le marché pétrolier qui s'attendait à ce qu'ils demeurent inchangés. La grosse surprise fut enregistrée par les réserves d'essence qui ont, quant à elles, subi une diminution de 1,3 million de barils. Les produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont reculé de 1million de barils. La hausse des stocks de brut américains semblent avoir fait pencher la balance en défaveur de la vigueur retrouvée des prix du pétrole. «En fin de compte, l'augmentation des stocks de brut semble être le facteur qui a dominé le marché», a estimé Jason Schenker, de Prestige Economics. La reprise économique tant espérée qui doit relancer une demande mondiale de brut de manière plus significative et plus accrue, constitue aussi un des facteurs essentiels de la déprime du marché pétrolier. «En termes de demande pour les produits pétroliers, le tableau reste très sombre. Cela confirme notre opinion: la principale surprise de l'année sera probablement un léger recul de la demande de produits pétroliers dans les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, malgré la reprise économique», a pronostiqué de son côté Nic Brown, de Natixis. Une analyse qui, si elle venait à se confirmer, ne serait pas de bon augure pour les Etats membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Particulièrement pour l'Algérie dont l'économie dépend à 98% de ses exportations en hydrocarbures et qui a vu ses recettes fondre presque de moitié en 2009 à cause de la dégringolade des prix de l'or noir. Ceci pour le proche avenir. La journée de jeudi allait être secouée par l'annonce des mauvais chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, soufflant un vent de panique sur les places financières internationales. A New York, le Dow Jones allait flancher de 2,61% et le Nasdaq de près de 3%. La Bourse de Paris à la mi-journée cédait 2,46%, Madrid reculait de 2,50%... De nouvelles incertitudes planaient sur la demande de pétrole. Les cours ont sévèrement chuté. Vers 17h GMT, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en mars cédait 3,58 dollars à New York, soit 73,40 dollars. Les cours de l'or noir ont dégringolé dans le sillage de la chute des différentes places boursières, sur fond de remontée de la devise américaine. Les prix du pétrole ont poursuivi leur baisse vendredi, en laissant pas moins de 1,95 dollar, pour clore la semaine à 71,19 dollars. Les prochaines séances s'annoncent cruciales pour les cours de l'or noir. Si la tendance n'est pas inversée, ils risquent de se retrouver assez rapidement sous la «barre psychologique» des 70 dollars.