Résumé de la 10e partie n Belle Hesseltine, médecin à la retraite, et Teresa s'inquiètent pour Belcher et essaient de convaincre Bohannon de prendre le temps d'enquêter... Je suis coincé, Belle. Il n'y a que moi ici pour faire marcher le ranch. Quand j'ai fini ma journée, je ne suis plus bon qu'à dormir. Belle regarde Teresa Hodges qui pose une tasse devant elle. — Où est passé mon ange tatoué ? — Kelly ? Il a déployé ses ailes hier matin et il s'est envolé. Je l'ai dit à Gerard, c'était peut-être à l'heure où Lubowitz s'est fait descendre. Phil ne voit pas le rapport. Tel que je le connais, il ne prendra même pas la peine de faire des vérifications. (C'est risqué et il le sait, mais il allume une cigarette. La vieille femme le foudroie du regard, mais ne l'engueule pas, pour cette fois. Et il demande :) Alors... qu'est-ce qu'il avait à voir, Lubowitz, avec notre petit patelin ? — Sa belle-sœur, répond Belle, et elle goûte le café. Aah ! (Elle contemple un instant, pleine d'admiration, la tasse qui fume entre ses mains, puis la pose avec un hochement de tête navré.) Pourquoi faut-il que tout ce qui est si bon soit si mauvais pour nous ? — Sa belle-sœur ? répète Teresa Hodges, surprise. — Mary Beth Madison. (Belle Hesseltine se penche pour fixer le centre de la table d'un regard intense.) C'est la gelée de goyave de George Stubbs ? Hack, passe-moi un toast et du beurre. Ce vieux bandit faisait des confitures à vous damner un saint... S'emparant du couteau de Bohannon, elle se jette sur le toast et sur la gelée comme si la terre avait cessé de tourner pour lui plaire. Puis, la bouche pleine et le double râtelier claquant joyeusement, elle se lèche les doigts, siffle une gorgée de café, remarque les mines interdites des deux autres et fait un effort pour parler : — Une très bonne famille de Pasadena. Cedric Lubowitz avait épousé Rose, la sœur aînée de Mary Beth. L'affaire avait fait scandale, à l'époque, il avait été question un moment de déshériter Rose pour s'être mariée avec un juif, puis ça s'était tassé. Un sourire en coin tord la bouche de la vieille femme. — Les Lubowitz étaient des voisins, après tout, et leur maison était aussi somptueuse que celle des parents de Rose. Les filles et le jeune Cedric avaient passé leur enfance ensemble, ils étaient on ne peut plus proches. Je soupçonne aussi les Madison d'avoir reçu des Lubowitz quelques judicieux conseils pour asseoir définitivement leur fortune. A un moment où celle-ci battait de l'aile. Henry Madison III n'avait pas géré très adroitement son héritage. La moindre de ses folies n'étant pas l'acquisition de terres à Madrone et à Settlers Cove. Des terres qui ne valaient pas un sou à l'époque. C'est comme ça que Mary Beth s'y est installée. Et... (elle les regarde l'un après l'autre)... que je m'y suis installée moi-même. Mon père, qui était le médecin de famille des Madison, avait accepté un lot en guise de paiement à un moment où les choses allaient mal pour eux.