Résumé de la 5e partie n Herschel écrit à l'inspecteur général des prisons du Bengale pour lui proposer sa méthode d'identification par les empreintes digitales. La proposition est refusée. La réponse de l'inspecteur plonge Herschel, qui souffrait déjà d'une affection amibienne et d'excès de fièvre, dans la dépression. Avoir travaillé tant d'années pour proposer un système d'identification qu'il croyait infaillible, et voilà, un obscur inspecteur des prisons qui rejette son œuvre. Pire, il se moque de lui, en mettant sur dos de la maladie, ses idées saugrenues. Il va mettre deux années sans rien faire, puis voyant qu'il n'avait aucune chance de faire valoir sa découverte aux Indes, il décide de retourner en Angleterre et de révéler aux spécialistes son œuvre. Or, il ne sait pas, perdu dans les Indes britanniques, qu'au moment où il postait sa lettre à l'inspecteur général des prisons du Bengale, un autre Européen, cette fois-ci un médecin écossais, du nom de Henry Faulds, qui donnait des cours à l'hôpital Tsukiji de Tokyo, faisait une découverte analogue à la sienne. Henry Faulds était aussi un missionnaire presbytérien, qui avait travaillé aux Indes, puis s'était installé au Japon. Il n'a jamais rencontré Herschel ni entendu parler de sa méthode d'identification des criminels par les empreintes, du moins c'est ce qu'il affirmera plus tard quand Herschel lui disputera la découverte des empreintes. Au début de l'année 1880, Faulds écrit à la revue Nature pour faire part de sa découverte. «En 1879, comme j'examinais quelques vases d'argile préhistoriques déterrés au Japon, mon attention fut attiré par des empreintes digitales qui dataient certainement du moment où l'argile était encore molle. Une comparaison entre ces empreintes et d'autres, prises récemment, m'incita à me pencher sur l'ensemble de ce problème. Le dessin des lignes sur la peau ne subit aucune modification tout au long de la vie d'un individu et, par conséquent, peut être plus utile pour l'identification que la photographie». Faulds présente sa «découverte» comme fortuite, en réalité, et bien qu'il ne l'ait pas avoué, il savait que les Chinois et les Japonais utilisaient les empreintes de la main et des phalanges pour identifier les signataires de contrats. Jusqu'en 1860, les documents japonais portaient les empreintes de la main et, dans les hôtels, on tenait des registres où les clients, qui ne possédaient pas de sceau personnel, signaient avec l'empreinte de leur main. En fait, on connaît les empreintes digitales depuis le XVIIe siècle : leur identification est due à l'Italien Marcello Malpighi qui a, le premier, identifié les papilles dermiques et les pores exocrines des crêtes dermiques. Un autre savant, de la même période, le botaniste anglais Nehemiah Grew a, le premier, décrit les dessins constitués par les crêtes dermiques. Le médecin Johannes Evangelist Purkinje a classé ces dessins en neuf groupes, donnant les formes fondamentales, qui sont proches des classifications modernes. Mais personne n'a songé à utiliser les empreintes comme système d'identification des personnes. Faulds, dans sa lettre à Nature, précise qu'il a étudié des centaines d'empreintes. Il affirme qu'il s'est d'abord intéressé à l'aspect anthropologique des empreintes : la forme des empreintes dépend-elle de la race ou de l'hérédité ? Mais il a vite découvert que ces paramètres n'entrent pas en jeu et que toutes les empreintes diffèrent d'une personne à une autre, quelles que soient sa race ou ses origines.