Changement n Les hôtels, les restaurants de luxe, les soirées dansantes et les veillées prolongées (pour les adeptes des nuits arrosées) ne sont plus d'actualité pour nos émigrés. Eh oui ! Heureusement il y a la plage qui permet aux milliers de familles algériennes d'aller se rafraîchir gratuitement. La coutume qui voulait que ces familles, après avoir passé une journée sur les plages algéroises, se ruent sur les restaurants pour goûter aux fruits de mer, aux plats garnis et aux crèmes exotiques, ne fait plus partie des habitudes de la majorité des familles émigrées. «Tout coûte cher cette année. Les prix ont doublé. Nous avons d'énormes difficultés à économiser là-bas pour pouvoir passer des vacances ici. Il ne faut pas oublier que nous avons beaucoup de charges en France (loyer, électricité, frais de scolarisation, carburant, taxes…). C'est à peine si nous pouvons mettre 2 000 euros de côté pour pouvoir venir passer quelques jours de vacances en Algérie», avoue Slimane, 56 ans, un émigré installé en France avec sa famille depuis 1970. Cette année, Slimane, qui a passé la moitié de sa vie sur les chantiers de l'Hexagone, est venu avec sa femme et ses 3 enfants. Le quotidien de cette «famille en vacances» est des plus ordinaires. La famille de Slimane, est hébergée par son frère à Aïn Benian. «C'est la deuxième année consécutive que je suis hébergé par mon frère. Avant, je louais un chalet ou un bungalow à Béjaïa ou à Jijel. Cette année les prix du loyer ont doublé car la demande est très importante. Les émigrés sont arrivés en force. Ce qui a donné une idée à certains loueurs opportunistes. Cette année aussi, je n'ai pas pu manger convenablement dans des restaurants dignes de ce nom. Parfois nous nous contentons de sandwichs et de boissons gazeuses au bord de la mer». Le quotidien de la famille de Dahmane, 49 ans, émigré algérien en France depuis 1982, ingénieur dans la région parisienne, n'est pas si différent que celui de la famille de Slimane. Accompagné de ses deux fils âgés de 18 et 19 ans ainsi que de sa femme d'origine française, Dahmane est un peu plus aisé et peut parfois se permettre un peu de luxe. Il a loué un Bungalow à Palm-Beach contre… 14 millions de centimes pour 15 jours. Dahmane, originaire de Jijel, a dit préférer louer plutôt que d'aller chez la famille – elle l'a accueilli à maintes reprises – car il se sent plus libre et plus indépendant. «Aller à la plage le soir, et y rester jusqu'à une heure tardive ne me causent aucun problème. Et puis j'ai mes deux fils qui veulent aller dans les rares discothèques qui existent ici et veillent parfois sans gêner personne». Dahmane a souligné qu'à la différence des années précédentes – c'est la cinquième fois qu'il passe des vacances en famille en Algérie – il est devenu plus économe à cause de la cherté de la vie. «Même si ma femme travaille, nous devons faire très attention à nos dépenses car nous avons un loyer de 700 euros par mois à payer là-bas. Donc nos vacances ici en Algérie doivent être très raisonnables», justifie-t-il.