La ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a brisé, hier, lundi, un tabou : elle est la première responsable de la diplomatie d'un pays occidental à envisager un dialogue direct avec Oussama Ben Laden. Faut-il «rechercher le dialogue sans discrimination – quitte à s'asseoir à la table d'Oussama Ben Laden ?», s'est interrogée Mme Calmy-Rey devant ses ambassadeurs réunis à Berne pour leur conférence annuelle. Et la ministre de répondre ensuite : «Le refus du dialogue est en fin de compte toujours stérile.» Pour elle, la diplomatie helvétique doit se «battre contre le rejet simpliste du dialogue», y compris avec «les infréquentables». La Suisse ne dispose pas, comme d'autre pays, de liste d'organisations interdites. L'appartenance à une organisation considérée comme terroriste, y compris par l'ONU, n'y est pas pénalement répréhensible, seules les activités criminelles de membres de ces organisations pouvant être poursuivies. «Certes, des organisations recourent à des méthodes terroristes que nous condamnons. Il reste que ce sont des acteurs politiques de poids, incontournables dans la recherche d'un règlement de conflit», a fait valoir la ministre. Elle n'a cependant pas caché que la diplomatie suisse peut essuyer bien des déboires dans cette recherche du dialogue à tout prix . «gardons bien conscience que nous nous aventurons souvent en terre inconnue», a-t-elle mis en garde.