Au titre de dédommagements pour la période coloniale, l'Italie va verser à la Libye 5 milliards de dollars sur les 25 prochaines années. L'accord «est une reconnaissance complète et morale des dommages infligés à la Libye», a affirmé Berlusconi, ce matin. Il y a là de quoi donner à réfléchir à la France qui s'obstine à ne pas reconnaître ses crimes en Algérie durant les 132 ans de sa présence. L'Italie va verser à la Libye cinq milliards de dollars sur les 25 prochaines années au titre de dédommagements pour la période coloniale. C'est ce qu'a déclaré M. Berlusconi ce samedi matin à la presse après son arrivée dans la ville de Benghazi à 1 000 km à l'est de Tripoli, où il doit rencontrer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et conclure un accord réglant le contentieux hérité de plusieurs décennies d'occupation et de colonisation de la Libye par l'Italie au siècle dernier. «L'accord portera sur un montant de 200 millions de dollars par an durant les 25 prochaines années sous forme d'investissements dans des projets d'infrastructure en Libye», a dit M. Berlusconi dont les propos étaient traduits en arabe. «L'accord doit mettre fin à 40 ans de mésentente. C'est une reconnaissance complète et morale des dommages infligés à la Libye par l'Italie pendant la période coloniale», a ajouté le chef du gouvernement italien. Il a précisé que parmi les projets qui seront financés par son pays figurait la construction d'une autoroute traversant la Libye d'ouest en est, de la Tunisie à l'Egypte. L'accord prévoit également la construction de logements, des bourses pour permettre à des étudiants libyens d'aller étudier en Italie et des pensions pour des mutilés victimes de mines anti-personnel posées par l'Italie pendant la période coloniale, a dit M. Berlusconi. Il prévoit aussi une coopération entre Tripoli et Rome dans la lutte contre l'émigration clandestine. Vendredi, l'agence italienne Ansa, citant l'entourage du président du Conseil, avait précisé que les deux pays avaient pratiquement conclu l'accord «même si doivent encore être réglées des questions collatérales» qui seront renvoyées devant un groupe de travail italo-Libyen. M. Berlusconi avait été précédé à Benghazi par un avion militaire amenant la «Vénus de Cyrène», magnifique statue sans tête du IIe siècle après J.-C. découverte en 1913 par des archéologues italiens sur le sol libyen alors colonisé. Le chef du gouvernement italien doit la restituer conformément à une décision de la justice italienne. Au-delà des modalités de compensation ou de dédommagements sur lesquels se sont mis d'accord les deux pays, ce qu'il y a à retenir c'est le principe de la reconnaissance des dommages infligés à la Libye du fait de la colonisation. L'Italie franchit là un pas important qui devrait donner à réfléchir à d'autres puissances coloniales comme notamment la France. Malgré tous les torts causés à l'Algérie, souffrances, privations, tortures,acculturation,déportations… L'Etat français se refuse à toute reconnaissance de ses responsabilités. Malgré les différents appels du président Bouteflika et de toute la société civile, l'Elysée persiste à faire la sourde oreille se refusant d'admettre que 132 ans de colonisation ne peuvent laisser place à des relations sereines et équitables sans une reconnaissance entière et même des dédommagements.