Réalité n Au cœur de ce marché bondé de monde, les jeunes ont conquis une masse de clientèle de plus en plus exigeante. Pour une certaine catégorie de jeunes, le commerce est le seul moyen de gagner de l'argent pour les jeunes. «Cette activité nous permet de subvenir à nos besoins et aux besoins de nos familles», explique Fateh, 28 ans, sans aucun regret pour ses études qu'il a abandonnées après son échec au baccalauréat. D'une simple aventure à une activité à plein temps, Fateh ne pensait pas pouvoir construire son avenir sur la base du commerce informel. Il n'a jamais fait de commerce jusqu'à sa rencontre avec un ancien camarade de classe en 2000. «Je n'ai aucun diplôme, le commerce m'a repêché de la délinquance», reconnaît-il. Lorsqu'il a commencé, il savait qu'il ne pouvait pas rivaliser avec ses concurrents. Mais, il s'était dit que cela valait la peine de tenter l'aventure. Fateh s'accroche et n'abandonne pas. Il squatte un espace de 2 mètres. Les discussions interminables sur le championnat lui permettent de s'évader de la monotonie et de l'ennui. «Les jeunes Algériens sont rongés par l'ennui et les difficultés de se faire un avenir», dit-il. Il vend des cosmétiques depuis presque neuf ans maintenant. Un espace d'à peine deux mètres en tout et pour tout. «Mon objectif est de gagner le maximum d'argent pour acheter un local et en finir avec cette vie de misère», explique cet ancien joueur de basket reconverti en «trabendiste». Il est 10h, les clients intéressés s'arrêtent pour demander le prix de chaque article et ne tardent pas à céder devant les arguments des jeunes vendeurs. L'affaire dégage 1 000 DA à 1 500 DA par jour, soit plus que ce que gagne un salarié moyen d'une entreprise publique. La recette est certes modeste, mais elle permet de se projeter dans l'avenir, peut-être à ouvrir un petit commerce avec un registre en bonne et due forme. À l'instar de tous les jeunes Algériens, Fateh veut avoir un revenu stable, ce qui n'est pas toujours facile avec une aussi rude concurrence. «C'est le risque du métier. Il y a des hauts et des bas, il faut apprendre à vivre avec en espérant des jours meilleurs», assure-t-il, lui qui a laissé parents et amis dans sa commune d'origine à Boumerdès pour s'installer dans ce populeux quartier de Belcourt. «Il était difficile de se frayer un chemin entre les jeunes du quartier», reconnaît-il sans aucune pointe d'amertume. Toutefois, sa présence au marché «Tnach» de Belcourt, comme celle de la plupart des autres jeunes occupant les trottoirs, ne revêt aucun caractère légal.