Pour prendre conscience de ce nouveau commerce, on n'a qu'à faire une virée dans les divers marchés de la wilaya, à l'exemple de ceux de Aïn El Hammam ou d'Azazga, ou dans les centres urbains, comme à Tizi Ouzou. Cette activité, qui semble susciter un intérêt de plus en plus accru chez les jeunes chômeurs au point de devenir une réalité commerciale incontournable, vient s'ajouter et concurrencer directement les magasins de portables et autres accessoires de téléphonie mobile, dont le nombre ne cesse d'augmenter. Carcasses, claviers, chargeurs…, nos marchés sont devenus des portes ouvertes sur les produits “Taïwan”. La vente se fait à même le trottoir, éloignant ce dernier de sa vocation. En effet, les piétons se retrouvent obligés de marcher sur la chaussée, s'exposant quelquefois à l'aveuglement des chauffards. Ces appareils contrefaits arrivent souvent de Chine pour gangrener le marché national, en envahissant même les étalages des magasins spécialisés. Une vraie carcasse de portable coûte au moins 1 000 DA, alors qu'une fausse ne vaut pas plus de 250 DA. Une différence de prix percutante. “La contrefaçon a un impact négatif sur notre commerce. À défaut de contrôle dans le domaine, nous sommes livrés à nous-mêmes”, nous dira un commerçant. Cette même source relève la présence de produits contrefaits dans son propre magasin. “On ne peut pas tout vérifier en l'absence de fournisseurs agréés et d'un service de contrôle spécialisé dans le domaine. Cette invasion ne peut être stoppée qu'au niveau des frontières. On arrive à avoir des produits d'origine, ce qui est notre vocation, mais certaines reproductions sont impossibles à repérer, ce qui demande plus de vigilance et de rigueur”, ajoutera-t-il. Un marché pris en charge par des jeunes, chômeurs pour la plupart, en quête de gains faciles. Cette contrefaçon ne touche pas seulement les pièces de rechange, mais également les appareils de téléphonie, les flashs disc et autres produits informatiques, incitant à plus de vigilance. Ces imitations s'avèrent dangereuses de fait tant elles ne répondent pas aux normes requises. De même pour les puces téléphoniques, celles-ci se vendent comme des petits pains à des prix défiant toute concurrence. Les revendeurs et autres kiosques en ressentent les contrecoups. Ce marché prend de l'ampleur à côté de la vente d'appareils d'occasion, jusqu'à devenir un job ordinaire que des jeunes exercent le jour du souk. À AIn El-Hammam, comme à Azazga, par exemple, des dizaines de ces vendeurs itinérants se rassemblent chaque semaine pour vendre leurs produits. Ils achètent et revendent des téléphones portables, toutes marques confondues, quelquefois de bonnes occasions, à un prix plus qu'abordable. On arrive à acheter un portable à 800 DA. Le modèle est simple, mais l'appareil est en bon état. “Je gagne entre 400 et 500 DA, même plus à chaque vente, ce qui représente une journée de travail dans un chantier. C'est moins d'efforts et ça marche”, nous dira Ouali, un habitué de cette vente à l'air libre. D'autres font du troc, exigeant une petite somme d'argent en plus. Cela leur permet de toujours garder un appareil sur eux, tout en ayant un modeste revenu. Même si la marchandise est quelquefois douteuse, elle est très bien écoulée. “Ce n'est pas souvent bon marché. Moi, je préfère faire mes achats dans des magasins spécialisés. C'est une assurance pour moi. La fiabilité du produit est bien meilleure”, nous dira un client rencontré dans un point de vente de portables à Aïn El-Hammam. Dans tous les cas, ce marché profite à une certaines catégorie de personnes, quand d'autres subissent les effets de la contrefaçon ou de l'occasion. Pourtant, dans certains pays avisés, la vente de ces produits est carrément interdite. Il semblerait que ce marché informel est le seul moyen pour pouvoir répondre aux besoins des consommateurs face à la cherté des produits d'origine. Kocila Tighilt