De la cuisine de Kadhafi aux salons d'apparat de Bouteflika, la tournée que Condoleezza Rice a effectuée au Maghreb lui a réservé de nombreuses surprises, parfois cocasses. A Tripoli, Kadhafi l'a entraînée dans ses appartements privés pour y partager l'iftar dans la cuisine familiale. Ses gardes du corps, auxquels cette partie de la résidence était interdite, n'ont pu que s'incliner lorsqu'ils ont vu Mme Rice disparaître avec M. Kadhafi. Le dirigeant libyen l'a comblée de présents : un luth, plusieurs bijoux dont une bague et un pendentif qui s'ouvre pour révéler un portrait du dirigeant libyen, ainsi que son «Livre Vert», dans lequel il expose ses idées pour résoudre les problèmes du monde, dédicacé «de la part de Mouammar Kadhafi, avec respect et admiration». A Tunis, Mme Rice a rencontré le président Ben Ali, qui l'a reçue dans son luxueux palais de Carthage, orné d'impressionnants lustres de cristal, de marbre et de bois précieux. La délégation américaine a été impressionnée par la collection de voitures de luxe garées dans la cour du palais, où elle a remarqué une Porsche, une Aston-Martin et une Bentley. Mme Rice a poussé la diplomatie jusqu'à partager deux iftars, l'un en début de soirée à Alger avec le président Abdelaziz Bouteflika, l'autre, plus tard dans la soirée, avec le Premier ministre marocain Abbas El-Fassi. La secrétaire d'Etat, qui entretient sa ligne et fait une heure d'exercice chaque matin, a mangé les hors d'œuvre à Alger et le plat principal à Rabat. Le roi marocain lui a fait porter un énorme bouquet de fleurs de cinq mètres de haut – trop volumineux pour l'avion de la secrétaire d'Etat – et une impressionnante boîte de chocolats du pâtissier parisien Lenôtre, que Mme Rice a préféré partager avec son entourage dans l'avion du retour.