Fréquentation n Désertée le jour car il y fait très chaud, la place des martyrs à Béchar est prise d'assaut après le f'tour, par les habitants qui s' y regroupent entre amis ou en famille. Cette place, de 250 m de long et 150 m de large, se vide aux premiers rayons du soleil quand le mercure atteint les 50°C et certains téméraires se lancent comme défi : «La traversée de la place, en plein été, à midi.» C'est un pari difficile à tenir et une sanction dure à supporter, surtout pendant le ramadan. Dans leurs activités quotidiennes, ou pour se rendre au marché Bouda, un espace commerçant très fréquenté, les habitants préfèrent, dans la matinée, éviter cet espace. Après le f'tour, la prière des tarawih à laquelle les adraris accordent un grand attachement et le dîner, la place devient le lieu de rendez-vous du tout-Adrar. L'esplanade qui suscitait de l'appréhension le matin, accueille, à la tombée de la nuit, des familles et tous ceux qui veulent se ressourcer après une journée de labeur. La place devient, le soir, une véritable ruche. Des groupes d'amis et des familles s'y retrouvent, assis en tailleur sur des couvertures (zaoura en langage local), pour discuter et boire un thé à la menthe, accompagné de cacahuètes servis par les nombreux marchands ambulants qui y officient. Cette façon de se regrouper sur le vaste espace de la place, est appelée par les habitants de la région, el-forsada, indique un marchand ambulant qui précise qu'il assure chaque soir, une vingtaine de couverts, des couvertures, des tables basses et des bancs, qu'il range sur sa charrette, aux aurores, pour rentrer chez-lui. Chaque soir que Dieu fait, notamment durant l'été et le ramadan, ce marchand ambulant prépare plusieurs théières, remplies d'un breuvage couleur miel, véritable nectar aux effluves mentholés. Il grille des brochettes de melfouf (des morceaux de foie couverts d'une tranche fine de crépine d'ovin), qu'il sert à grandes brassées à une clientèle éprouvée par une longue journée de jeûne. Non loin de cet espace qui rappelle les cours des palais de Bagdad, des familles prennent d'assaut les terrasses des crémeries, ou des salons de thé pour déguster une coupe de glace, alors que d'autres adraris préfèrent passer leurs soirées dans les cafés, allongés sur une forsada, à siroter un café dont l'exquise brûlure est apaisée par de grandes rasades d'eau fraîche ou à humer les volutes parfumées de la chicha, ce narguilé oriental qui a fait son apparition pour renforcer les accessoires des restaurateurs et autres cafetiers, vient adoucir davantage les soirées de la place des martyrs. L'intérêt que portent les habitants d'Adrar à cette grande esplanade a poussé la Direction de la jeunesse et des sports à installer un écran géant pour la retransmission des matches de football.