Casse-tête n Les ménages sont plus que jamais préoccupés par le souci de trouver un équilibre entre les dépenses du mois de jeûne et les frais de la rentrée scolaire. La particularité de la rentrée scolaire cette année réside dans le fait qu'elle coïncide avec le ramadan. Deux événements susceptibles de grever davantage les budgets des ménages. Avec, donc, la spéculation ramadanesque et ses effets, la rentrée scolaire prend cette année l'allure d'un véritable parcours du combattant. Depuis quelques semaines, des étals circonstanciels sont implantés un peu partout, offrant une gamme variée d'articles scolaires de qualité douteuse. Pourtant certains parents ne s'en soucient pas. Bien-sûr le pouvoir d'achat y est pour quelque chose, faisant que l'éducation des enfants est reléguée au second plan des priorités. Les ménages semblent beaucoup plus préoccupés par la hausse des produits de large consommation. Bien que les autorités n'aient pas cessé de rappeler qu'elles veilleraient à endiguer la spéculation, les ménages donnent l'impression d'être livrés à eux-mêmes et la voracité des prédateurs est là pour ronger les petites bourses. La rentrée scolaire et le ramadan ont décidé d'occuper leur conscient et leur subconscient. Raisins secs, cahiers, prunes, sacs à dos et chorba feront partie des préoccupations des citoyens. Autour des meïdas chargées de pâtisseries, des tables de dominos et de jeux de cartes, bien entendu, la cherté de la vie restera le sujet phare des discussions des veillées ramadanesques. Chacun s'égosillera pour noyer son propre comportement en matière de gaspillage. L'avant-goût nous a été donné lors de petites discussions avec quelques femmes au foyer dans des marchés informels et autres bazars. Fatiha, mère de 2 fillettes, a la tête au ramadan. Elle affirme que les temps sont durs. Même si les articles scolaires made in China sont à des prix alléchants, ils demeurent hors de la portée de sa petite bourse : un sac à dos coûte 450 DA, un stylo 15 DA, une trousse 50 DA. Le poids total des cahiers et autres fournitures dépasse celui de l'écolier appelé à les transporter. Sans oublier l'habillement, et, bien évidemment, le tablier… Pour cette dame employée dans le cadre de l'emploi de jeunes, l'achat des articles scolaires est un véritable calvaire. Un père de famille ayant perdu son emploi, révèle qu'il a le choix entre la nourriture de ses enfants et leur éducation. «Par dignité, dit-il, je ne m'abaisserai jamais à quémander le couffin de la honte du ramadan ou le cartable scolaire. Où est ma part de citoyenneté dans ce pays ?», s'interroge-t-il, les larmes aux yeux. Un malvoyant, accompagné de sa femme et de ses deux enfants, témoigne, lui aussi, de son calvaire : « Je n'ai rien à vous cacher. J'ai perdu la vue, devenant non-voyant, mais les véritables aveugles sont ceux qui nous ont ignorés…». Rahma, la quarantaine, enchaîne : «J'ai acheté seulement une partie de la liste, Allah Ghallab, je n'ai plus un sou. Je la compléterai juste à la rentrée et puis il n' y a pas que cela, je dois acheter des habits, deux tabliers, pour mes deux autres fils ».