Résumé de la 18e partie n Un lecteur de journaux écrit à Scotland Yard pour l'informer qu'un escroc, qui utilise les mêmes méthodes que celles imputées à Beck, a été condamné quelque temps auparavant. Scotland Yard s'empresse de vérifier ces informations fort intéressantes, en ouvrant le dossier de John Smith. Comme l'a affirmé l'auteur anonyme de la lettre, John Smith et Alfred Beck usent absolument des mêmes méthodes, jusqu'aux noms d'emprunt utilisés par l'escroc qui sont identiques. Les deux policiers, qui ont procédé à l'arrestation de Smith, en 1877, l'inspecteur Redstone et l'agent Spurrel sont toujours en vie. On veut les confronter à Alfred Beck. Ils acceptent. pourtant, dix-neuf ans sont passés depuis le déroulement des faits et les deux policiers avouent ne plus avoir revu, depuis, l'escroc. Le premier à procéder à l'identification est l'agent Spurrel. Devant la cour de justice de Westminster, qui statue dans l'affaire de Beck, il déclare sous serment que smith et Beck sont une seule et même personne. Comme la cour insiste, il ajoute : «Je suis conscient de la gravité de ma déclaration, mais je la maintiens : cet homme est bien l'escroc qui se faisait appeler John Smith et que j'ai fait arrêter en 1877.» L'inspecteur Redstone témoigne à son tour. Lui aussi identifie Beck à Smith — Reconnaissez-vous cet homme. Beck, au comble du désespoir, lève les mains au ciel : — Je jure, devant Dieu, s'écrie-t-il, ne pas être l'escroc dont vous parlez ! La cour de Westminster donne la parole à Beck. Il proclame son innocence et comme preuve, il déclare qu'en 1881, au moment de l'arrestation de John Smith, il n'était pas en Angleterre, mais en Amérique du Sud. «Des hommes et des femmes que j'ai fréquentés pourront en témoigner.» Mais l'Amérique du sud est très loin, à quoi bon perdre du temps à chercher des témoignages alors que les faits paraissent si évidents ? Et puis, l'accusation produit une autre preuve accablante contre Alfred Beck : celle de la graphologie, pourtant encore, à l'époque, discipline naissante et surtout très controversée. On compare des chèques, des papiers divers, des listes de robes et de bijoux que l'escroc a rédigés à l'intention de ses victimes et la sentence tombe, comme un couperet. — Adolf Beck, on a identifié l'écriture de John Smith avec la vôtre ! Pourtant, l'expert graphologue sollicité par la Cour admet qu'il y a bien quelques différences avec l'écriture de Beck, mais il affirme qu'il s'agit d'un stratagème. — Beck, quand il écrit à ses victimes, maquille son écriture, dans l'intention qu'on ne la reconnaisse pas ! Le fonctionnaire qui prépare l'acte d'accusation de Beck, pour la cour, F. J. Sims, ne veut pas perdre de temps, et puis il est sûr de la culpabilité du prévenu. Comme pour avoir la conscience tranquille, l'inspecteur Waldock, chargé de l'affaire, lui demande de comparer le signalement de John Smith, qui figure dans son dossier, avec celui de Beck. — Ce n'est pas nécessaire, répond l'homme, tous les témoignages, ceux des femmes comme ceux des policiers sont concordants ! — Examiner quand même les signalements, insiste l'inspecteur. — Je vous dis que ça ne sert à rien ! (à suivre...)