Résumé de la 22e partie n Beck est condamné sur la foi de preuves très faibles. Il est mis en liberté provisoire, mais voilà qu'on l'accuse de nouveau ! Il est arrêté. On conduit les nouvelles accusatrices dans la cellule où se trouve Beck et elles s'écrient : — C'est bien lui ! Beck, vaincu, impuissant, se met à pleurer, comme un enfant : mais personne ne veut le croire. Le 27 juin 1904, il se retrouve de nouveau devant la cour «old Bailey». Ce n'est plus maître Gil qui le défend, Beck n'a plus les moyens de régler ses honoraires. Mais c'est un avocat commis d'office qui ne prend que quatre jours pour prendre connaissance du dossier. Il interroge Beck, mais celui-ci, sous le coup d'une violente émotion, ne lui apporte pas d'informations susceptibles de le tirer d'affaire. Les victimes sont interrogées et elles affirment reconnaître en Beck, l'homme qui a abusé de leur confiance, quelques-unes laisseront planer de légers doutes, mais ils ne suffiront pas à innocenter Beck. «C'est bien son allure, ses cheveux, ses yeux ! On ne peut pas se tromper, quand on a eu affaire à lui.» Tout laisse croire qu'il sera condamné. Mais le président du tribunal, le juge Grantham a des doutes et se demande si Beck n'est pas l'objet d'une grave erreur judiciaire. Il s'abstient de rendre la sentence, attendant un complément d'information. Il a bien fait, car, le soir du 7 juillet 1904, l'inspecteur Kane, qui s'est rendu au commissariat de Tottenham Court road, apprend par hasard qu'on venait d'arrêter un homme, pris en train de vendre des bagues volées. Il demande des détails sur cet homme et il s'avère qu'il s'agit d'un escroc qui propose à des jeunes femmes des postes de gouvernantes pour les allécher et s'emparer de leurs objets de valeur. Kane, stupéfait, fait aussitôt un rapprochement avec l'affaire Beck et demande à voir l'homme. On le conduit dans la cellule où se trouve le détenu et, en le voyant, il étouffe un cri de surprise. L'homme ressemble fortement à Beck. Sans tarder, Kane alerte Scotland Yard qui convoque aussitôt les accusatrices de Beck et les confronte au détenu.. — Mon Dieu, c'est à cet homme que j'ai eu affaire, pas à l'autre ! Les autres s'empressent de faire la même constatation : elles se sont toutes trompées, en accusant Beck, mais il faut reconnaître que les deux hommes se ressemblent ! John smith passe aux aveux. Il est bien né en Angleterre, mais il a émigré très jeune en Russie. De retour à Londres, il a été condamné à une peine de prison pour escroquerie. Dès qu'il a été remis en liberté, il est parti pour l'Australie. Nouveau retour à Londres, en 1894, nouvelle condamnation pour faux et usage de faux. En 1894, il reprend ses activités malhonnêtes, mais quand il apprend, par la presse qu'Adolf Beck a été arrêté à sa place, il s'est rendu en Amérique pour se faire oublier. Il est revenu à Londres en 1903, s'adonnant de nouveau à son activité favorite : l'escroquerie de jeunes femmes. On s'empresse de libérer Beck et le ministère de l'intérieur lui verse, à titre d'indemnité, la somme de 5 000 livres. Mais l'affaire provoque l'indignation générale en Grande-Bretagne. La police ainsi que la justice sont violemment critiquées. L'affaire Beck sera souvent citée comme exemple d'erreur judiciaire, due à la précipitation des enquêteurs et à la négligence de détails qui devaient s'avérer importants. Autre conséquence importante : elle a été à l'origine de la création de la cour d'appel en Grande-Bretagne, puis à l'adoption de la dactyloscopie. (à suivre...)