Résumé de la 7e partie n Loin d'être indifférente au charme d'Alexander, voici Georgie-Ann qui se rend avec lui pour visiter une maison... Je sortis de ma réserve et lui racontai l'incendie de mon appartement, et la manière dont j'avais réussi à sauver mon argenterie et mon chat. — Pas possible ! Dans ma famille, c'est le même topo. Quelle coïncidence ! Et une nouvelle vision s'imposa à mon esprit : je vis une longue table de vingt-quatre couverts sur laquelle l'argenterie d'Alexander et la mienne se confondaient. Le gâteau de mariage aurait le même goût avec les deux. Mais c'est alors que se déploya le drapeau rouge du danger. Il me mettait en garde : ce n'était pas seulement un homme, mais un bel homme, et un agent immobilier par-dessus le marché. Pires que les avocats, plus sournois que les vendeurs de voitures d'occasion, et encore plus méprisables que les architectes. Je portai mon regard sur Whitland Avenue, où surgissaient, entre les arbres, de superbes vieilles demeures. — Rebroussons chemin, dis-je. Ce quartier est au-dessus de mes moyens. La main droite d'Alexander lâcha le volant et il la leva comme un agent de la circulation. — Attendez, répliqua-t-il avant d'engager la voiture dans une ouverture semblable à un passage secret, trouant une haie qui formait un grand mur vert. Une longue allée serpentait entre les herbes folles, la laîche, de l'herbe qui n'avait jamais été écrasée par les bulldozers, jamais été entretenue ; de l'herbe d'origine, jamais broutée ; de l'herbe qui était là avant l'arrivée des premiers colons anglais. Les pommiers avaient plus d'un siècle. Et il y avait des prunes. Des poires. Et, au bout de l'allée, une demeure de pierre qui, comme l'herbe, paraissait surgie de la terre. — Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? demandai-je, stupéfaite. — Ça faisait partie d'une ferme, répondit Alexander en désignant de ses bras tendus l'ensemble de la propriété. Tout le reste a été vendu, mais il est resté ceci : la maison et deux hectares de terrain. La propriétaire est décédée il y a quelques mois, à un an de son centième anniversaire. Il y a des travaux à faire, bien sûr. Mais la structure est solide. Vous voulez visiter ? J'en étais incapable. En sortant de la voiture, je me laissai tomber sur une marche de pierre, sans me soucier de ma belle jupe noire. J'étais malade de désir et moite de peur. C'est trop beau pour être vrai, me disait une voix intérieure. Tu ne peux pas sortir de ta tanière, au bout de cinq ans, et t'attendre à ce que ton désir le plus cher soit exaucé d'un coup de baguette magique, qui plus est par un portraitiste russe, avec une fossette au menton dans laquelle tu aimerais tant loger ton petit doigt ! — Vous ne vous sentez pas bien ? Alexander, sourcils froncés, paraissait se faire du souci pour moi. — Je suis émerveillée. Ah, soupira-t-il, soulagé, en s'asseyant à côté de moi. J'en étais certain que la maison vous plairait. Mais dites-moi, de quoi avez-vous peur ? Eh bien... Là était la question, non ? (à suivre...)