Résumé de la 13e partie n Alexander apprend à Georgie-Ann que la maison de ses rêves a trouvé un acquéreur. C'est alors qu'il l'invite à son vernissage à Atlanta... Le soir de l'inauguration, je roulais jusqu'à la maison. J'avais dans l'idée de m'installer dans l'escalier et, là, d'imaginer Alexander dans son heure de gloire. Mais en arrivant dans l'allée, la première chose que je vis fut la bande VENTE EN COURS qui barrait l'écriteau. Je vis rouge, le sang me monta à la tête. J'avais l'impression qu'elle était sur le point d'exploser. J'arrachai l'écriteau et le fourrai dans le coffre de ma voiture. Là, il étoufferait. Et rendrait le dernier soupir. Non, il n'y aurait plus de VENTE EN COURS. Je n'avais pas l'intention de me laisser miner par cette affaire. J'étais capable de rester maîtresse de mes pensées et de mes actes. Ne l'avais-je pas prouvé, longtemps auparavant ? J'avais été à deux doigts d'en finir, mais je ne l'avais pas fait. Pas plus que je n'avais tué William. En me retirant du monde, j'étais parvenue à surmonter la situation. Je me contentai donc de m'asseoir tranquillement en haut des marches, où Alexander et moi avions passé tant de bons moments. Je pensai aux hommes bien coiffés, en costume sombre, et aux femmes vêtues de robes noires, grises et taupe qui étaient en train de contempler mes seins, à cinq mille kilomètres de distance. Ils le faisaient le plus discrètement du monde, bien sûr, en échangeant des propos à voix basse, comme il sied aux gens bien éduqués. Je voyais d'ici leurs yeux écarquillés et leurs bouches arrondies en petits «o». Je sortis une prune de ma poche. La femme de ménage de ma mère l'avait achetée dans le commerce. Je mordis dans la chair pourpre. Le jus qui se répandit dans ma bouche n'était pas le nectar de cet été, mais un liquide aigre et aqueux. Je demeurai en haut de l'escalier jusqu'à la tombée de la nuit, puis sortis en tâtonnant. Mais je connaissais désormais la maison sur le bout des doigts. Couchée dans mon lit, chez ma mère, je fus assaillie de cauchemars. Au matin, je les avais presque tous oubliés, mais il m'en restait une sensation de nausée, comme si un vautour m'avait frôlée de son aile. J'attendis fébrilement le coup de téléphone d'Alexander. Il appela trois jours (trois ans, trois millénaires) plus tard. L'exposition avait eu un énorme succès, et tous les tableaux avaient été vendus. On avait acheté mon portrait au prix exorbitant qui, dans un élan d'optimisme, en avait été demandé. Un industriel japonais de l'automobile le ramenait chez lui, dans la région de Kyoto. Je fermai les yeux. J'entendis sonner les cloches d'un temple tandis que s'élevaient des murmures dans une langue étrangère. — Toutefois..., dit Alexander. lI parut hésiter. Je n'eus pas le courage d'attendre la suite. Je savais ce qu'il allait me dire, mais je ne supportais pas de l'entendre de sa bouche. Je raccrochai et composai le numéro de Charlotte. Puis je me rendis une fois de plus à la maison. (à suivre...)