Résumé de la 8e partie n Georgie-Ann est en extase devant la maison que vient de lui faire visiter Alexander... C'est l'amour qui me faisait peur. J'avais aimé William et l'avais perdu. J'avais aimé mon appartement et il avait brûlé. J'avais aimé ma mère et elle m'avait trimballée comme un canari en cage d'un mariage à l'autre. Si je m'autorisais à tomber amoureuse de la maison et que quelque chose devait lui arriver, alors, pensais- je, je n'y survivrais pas. Ce serait tout bonnement au-dessus de mes forces. J'entendais encore, menaçant comme un roulement de tonnerre lointain, le bruit d'un fusil qu'on arme. Alexander finit par rompre mon long silence : — Vous savez danser le tango ? — Pardon ? — Je parie que oui. Il se leva, me tira par la main, puis posa la sienne dans le creux de mon dos et, tout en fredonnant à mon oreille une célèbre mélodie latino-amércaine, il me fit passer en dansant le seuil de la maison de mes rêves. Elle était au-dessus de mes moyens. Le prix demandé correspondait exactement au double de mon budget, le montant de la somme versée par la compagnie d'assurances. — Rien ne vous oblige à payer en une seule fois, dit Alexander. Il vous faut juste assez pour un acompte. Pour le reste, on vous aidera à demander un prêt au logement. — Eh bien, c'est une idée du tonnerre ! s'exclama Jack, mon beau-père numéro cinq. A condition que tu arrives à payer les mensualités. — Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Ce n'est pas comme un loyer ? — C'était pareil, mais en beaucoup plus cher, vu que mon loyer avait été modique. En outre, quelle banque allait accorder un prêt à une ermite sans emploi ? — On pourrait t'avancer l'argent, suggéra ma mère. Quoique la solution la plus simple soit que tu te remettes à travailler. — Je n'en ai nullement l'intention, maman. Je sais ce que vous pensez. Vous vous dites : quelle flemmarde ! Or ce n'était pas de la paresse de ma part, mais un blocage complet. Je n'étais pas prête à retourner parmi mes congénères. — Eh bien, dit ma mère d'une voix traînante. Nous aimerions t'aider, tu le sais... Je détestais qu'elle me parle sur ce ton-là. Incapable de maîtriser ma colère, je lui lançai à la figure : — Alexander a dit que je pourrais obtenir un prêt, je suis donc sûre que ça peut marcher. — Alexander ? Ma mère avait dressé l'oreille, comme un chien aux aguets. — Alexander Persoff, mon agent immobilier. — Alexander Persoff, le peintre ? Celui qui a fait le portrait de Mimsie Stovall ? Et de Sally Touchstone ? — Probablement, concédai-je. — Oh, Georgie-Ann, couina ma mère. On se l'arrache. Et il est très beau, à ce que j'ai cru comprendre. — C'est bien possible. Mais pourquoi est-ce qu'il m'a raconté des bobards au sujet du prêt ? (à suivre...)