Dicton n Un vieil adage bourré de sagesse prétend que nul n'est prophète dans son pays. Comprenez par-là que les plus belles réussites se réalisent en général sous d'autres cieux et jamais sur la terre qui vous a vu naître. Lorsqu'ils ont quitté pour la première fois leur cocon natal pour émigrer vers des contrées lointaines de nombreux Algériens étaient loin de se douter du sort exceptionnel qui les attendait. Laissons parler l'histoire et levons le rideau sur ces émigrés très particuliers dont on ne peut qu'être fiers aujourd'hui. Selon des chroniqueurs sérieux qu'on ne peut soupçonner de complaisance, les premiers pharaons qui occupèrent le trône d'Egypte venaient du Sahara algérien. Rien d'étonnant a priori puisque les nomades ont ceci de particulier : ils sillonnaient les déserts de long en large, l'année durant, passaient du territoire algérien en territoire libyen, et du territoire libyen au territoire égyptien. Même s'ils n'apportent pas de preuves irréfutables de ce qu'ils avancent, ces chercheurs ouvrent tout de même quelques pistes très sérieuses et même troublantes. Parmi elles, deux retiennent tout particulièrement l'attention, premièrement la technique et l'art de la momification sont plus anciens dans les gigantesques sables du désert qu'en Egypte. Cela a été démontré, ce qui suppose qu'ils ont été introduits par des nomades venus d'ailleurs, certainement du désert algérien. En Libye on ne connaissait d'ailleurs pas encore ce genre de pratique. Deuxièmement, les gravures rupestres, de la chaîne saharienne du Tassili sont apparemment antérieures à celles qui ont été dessinées sous forme de hiéroglyphes par les embaumeurs sur les parois des tombes des pharaons. Rien n'empêche de penser par exemple que des tribus guerrières du Sahara aient occupé une partie de l'Egypte et se seraient sédentarisées, encouragées par un Nil fécond et abondant dont les villes antiques de Memphis et Thèbes seraient le couronnement. Encore un détail qui plaide en faveur de cette thèse : contrairement aux derniers Pharaons qui s'étaient vautrés dans le luxe et le raffinement d'une vie faite de plaisir, les premiers monarques avaient des goûts plutôt rustiques, se contentaient de peu, adoraient le désert dans lequel ils se sentaient dans leur élément et savaient parfaitement lire la carte du ciel… tout comme les nomades du désert algérien. Un autre Algérien occupera, lui aussi, un trône, et pas n'importe lequel, celui du royaume libyen. C'est à partir d'une petite bourgade de la wilaya de Mostaganem appelée Sidi Senouci que les premiers Senouci émigrèrent à Tripoli pour fonder la dynastie des Senouci. Le dernier roi en date, Idris Ier, sera renversé en 1969 par le colonel Khadafi. Il abdiquera et se réfugiera dans un premier temps en Turquie. Bien avant ce coup d'Etat qui donnera naissance à la Jamahiriya, son fils, l'héritier du trône, visitera pour la première fois de sa vie la terre de ses ancêtres et le mausolée qui porte leur nom. Le Dr Ahmed Taleb lui servira alors de guide. Un autre Algérien, un érudit et un pédagogue exceptionnel quittera sa Kabylie natale pour exercer au Maroc. Sa réputation est telle que le sultan à son retour d'exil l'appellera auprès de lui pour servir de précepteur à son fils, le futur Hassan II. Comblé d'honneur et de prébendes par un monarque reconnaissant, jalousé par une cour minée par les intrigues, le vieil homme, à la fin de sa vie ne demandera qu'une seule faveur : celle d'être enterré au milieu des siens. Dans cette courte galerie de portraits, un autre nom retient également l'attention : Berrah. Berrah est un brillant universitaire de l'est du pays, probablement de Constantine, où réside une parie de sa famille. Nous ne savons pas avec précision si c'est à partir de Paris ou d'Abidjan qu'il a tissé ses relations avec les hommes politiques les plus en vue de Côte d'Ivoire mais il a fini par devenir le principal conseiller du président Houphonett Boigny et même son plus proche confident. Les missions les plus sensibles et les plus délicates auprès de certains chefs d'Etats ou de gouvernement lui étaient confiées. Pour l'anecdote il sera reçu plusieurs fois en audience d'El Mouradia par le président Boumedienne en tant qu'émissaire ivoirien porteur de message.