Résumé de la 3e partie n La Vénus arrive enfin en France où elle est présentée à Louis XVIII qui l'ignore totalement. En revanche d'autres veulent la restaurer en lui mettant des bras... Vous n'y êtes pas ! C'est une nymphe qui joue de la lyre... — Pas une nymphe, une Victoire.» Heureusement, un archéologue fameux, Quatremère de Quincy, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts, fait pencher la balance dans le bon sens, celui du refus de restaurer les bras. Salomon Reinach, un spécialiste en art antique, expose dans la Revue des études grecques une théorie nébuleuse pour dater la statue d'après l'espace entre ses deux seins. Puis il avoue ses erreurs. Des années plus tard, le conservateur en chef des antiquités du Louvre, en comparant la Vénus de Milo à une autre statue du musée, en arrive à la conclusion que notre Vénus a été sculptée entre 110 et 88 avant Jésus-Christ. Mais, pendant des années après la découverte, là-bas, à Milo, tout le monde n'est pas d'accord sur la version officielle de la récupération. On devra attendre quarante ans pour connaître la version de Louis Brest, l'agent consulaire français. Il a plus de quatre-vingts ans quand il raconte ce qui s'est réellement passé, selon lui : «J'ai été victime d'injustes procédés. J'avais acheté moi-même la statue à Yorgos, et cela m'avait coûté six cents piastres. Il a réclamé ensuite dix-huit piastres de plus, pour l'achat d'un costume neuf. On a transporté la statue chez moi, en dépit de la crainte que nous avions de Mourousi. Hélas ! malgré toutes les précautions, la statue fut volée et transportée sur le brick grec. C'est moi, aidé par les hommes de «l'Estafette», qui l'ai récupérée par la force. Et c'est moi aussi qui ai dû payer les sept mille piastres d'amende imposées par Mourousi. Il m'a fallu dix ans pour être remboursé ! Et j'y ai beaucoup perdu, car les piastres que j'ai payées avaient une valeur bien supérieure à celles que l'on m'a remises dix ans plus tard ! J'ai écrit de nombreuses lettres à l'ambassade de France à Constantinople, mais quelqu'un là-bas m'en veut certainement, car toutes ces preuves ont été détruites par une main malintentionnée.» On saura par la suite que Brest a passé toute sa vie dans l'obsession de la Vénus qu'on lui avait arrachée. Son caractère aigri, son désir de vengeance le poussent alors à «broder» sur les faits. Dans les années 1850, un amiral français fait escale à Milo. Brest lui dit : «Je sais où sont les bras de la Vénus, mais je ne le dirai jamais... Quand je pense qu'on n'a même pas inscrit mon nom sur le socle de la statue au Louvre !» (à suivre...)