Condition n «Tout règlement doit être complet et détaillé et comporter un mécanisme d'application selon un calendrier convenu.» C'est par ces propos que le président palestinien Mahmoud Abbas a proclamé, hier soir, à l'ONU, son rejet de tout accord partiel avec Israël, à l'approche de l'échéance de fin 2008 fixée pour parvenir à la paix. «Nous allons tenter de réaliser autant de progrès que possible dans les négociations en cours avec les Israéliens d'ici à la fin de l'année, en tenant compte des expériences du passé», a déclaré M. Abbas dans une allocution à l'Assemblée générale de l'ONU. «Lorsque je parle des expériences du passé, c'est pour dire que les règlements partiels ou provisoires, qui omettent ou reportent certains dossiers essentiels, ne sont pas viables et laissent intactes les racines du conflit, anéantissant ainsi tout progrès accompli sur le chemin de la paix», a-t-il précisé. Les négociations israélo-palestiniennes avaient été relancées en novembre 2007 à Annapolis, près de Washington, avec l'objectif de conclure un accord en 2008, mais très peu de progrès ont été réalisés depuis. Elles ont été plombées par la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie, alors qu'aucune percée n'a été enregistrée dans des dossiers aussi cruciaux que celui de Jérusalem, des réfugiés palestiniens ou des frontières. Outre l'absence de percée, l'incertitude sur l'issue des négociations a été renforcée par les bouleversements politiques en Israël où le Premier ministre Ehud Olmert, mis en cause dans des affaires de corruption, a été amené à démissionner et devrait être remplacé par la chef de la diplomatie Tzipi Livni. George W. Bush et M. Abbas s'étaient engagés, jeudi, lors d'une rencontre, à continuer à travailler pour avancer vers la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël avant la fin du mandat du président américain début 2009. Dans son discours à l'ONU, M. Abbas a, en outre, dénoncé le maintien par Israël de plus de 600 barrages militaires qui «morcellent» les territoires palestiniens, et la poursuite de la colonisation israélienne. Peu avant de prendre la parole à l'Assemblée générale, M. Abbas a participé à une réunion du Conseil de sécurité sur la colonisation, affirmant que les blocs de colonies «ne permettront pas la création d'un Etat palestinien puisqu'ils divisent la Cisjordanie en quatre cantons». Devant l'Assemblée générale, il a aussi critiqué le blocus israélien imposé à la bande de Gaza, territoire qui ressemble, selon lui, «à une grande prison» pour ses 1,5 million d'habitants. Il s'est, en revanche, dit prêt au dialogue avec les islamistes du Hamas qui lui ont pris le pouvoir par la force à Gaza en juin 2007. Un tel dialogue devrait conduire, selon lui, à la «mise en place d'un gouvernement indépendant», qui sera chargé de préparer de nouvelles élections législatives et présidentielle dans les territoires palestiniens.