Rejet n «Un retour au pouvoir du président renversé, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, notamment exigé par l'UA, est irréaliste et illogique. C'est un ancien président. Un point, c'est tout !» C'est ainsi que le nouvel homme fort de Nouakchott a voulu montrer son refus «catégorique» quant à un probable retour au pouvoir du président déchu. En effet, le chef de la junte au pouvoir en Mauritanie depuis le coup d'Etat du 6 août, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a annoncé samedi qu'il rejetait l'ultimatum de l'Union africaine pour un «retour à l'ordre constitutionnel» avant le 6 octobre. «La position de l'Union africaine (UA) n'est ni constructive ni positive. Elle ne sert pas les intérêts supérieurs du peuple mauritanien», a-t-il déclaré à la presse après avoir visité le plus grand hôpital de Nouakchott. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA avait, le 22 septembre, «exigé le retour à l'ordre constitutionnel par le rétablissement inconditionnel de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, président de la République islamique de Mauritanie, dans ses fonctions, à la date du 6 octobre 2008 au plus tard». Dans un communiqué très ferme, l'UA avait «mis en garde les auteurs du coup d'Etat et leurs soutiens civils contre les risques de sanctions et d'isolement qu'ils encourent au cas où ils ne répondraient pas positivement à cette exigence». Elle avait «exprimé sa grave préoccupation devant le fait que, malgré les efforts déployés à ce jour, aucune avancée n'a été obtenue sur la voie d'un retour rapide à la légalité constitutionnelle». Samedi, dans une déclaration à la presse, un fait très rare depuis son coup de force, le chef de la junte a admis que la situation créée par le putsch contre le premier président démocratiquement élu du pays, était «anormale». «Nous sommes effectivement dans une situation anormale en l'absence d'un président élu», a-t-il indiqué. Mais «il faut reconnaître que tout le reste des institutions constitutionnelles (Assemblée nationale, Sénat...) fonctionne normalement», a-t-il estimé. «Nous œuvrons actuellement à organiser des journées de concertation auxquelles participeront toutes les parties en présence, partis politique, société civile, partenaires étrangers qui acceptent d'aider notre pays à sortir de la situation actuelle», a-t-il souligné. «Ces journées seront suivies de l'élection présidentielle qui permettra au pays de retrouver une situation normale, c'est-à-dire un président élu», a-t-il affirmé, sans toutefois préciser de date pour le scrutin. Après une attaque le 14 septembre contre une patrouille militaire, revendiquée au nom d'Al-Qaîda et qui avait fait 12 morts, le chef de la junte a réitéré samedi son engagement dans la lutte contre le terrorisme. «Nous sommes déterminés à faire face au terrorisme, à défendre notre pays avec force et offrir la paix et la sécurité à nos citoyens», a-t-il déclaré. «L'armée n'avait pas les moyens de faire face aux attaques barbares et injustifiées qu'elle vient de subir», a-t-il toutefois admis. «Cependant, les hautes autorités et la direction de l'armée sont en train de prendre les mesures nécessaires. Nous avons les moyens de moderniser notre armée et de la préparer de façon efficace», a-t-il conclu.