La commission de l'Union africaine prend note de l'engagement pris par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, auprès de son président, Jean Ping, au sujet de la libération du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé le 6 août et toujours privé de liberté, en résidence surveillée dans une villa à Nouakchott. Jean Ping a rendu compte de la mission aux représentants des Etats membres de l'UA, qu'il a effectué les 25 et 26 août à Nouakchott et durant laquelle il s'était entretenu plusieurs fois avec le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte qui dirige le pays depuis le putsch et dont le Premier ministre nommé le 16 août peine à former un gouvernement de transition. Ping avait aussi rencontré le président renversé dans la villa où il est gardé en résidence surveillée. La commission de l'UA, qui réitère son rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement en Afrique, souligne la nécessité de rétablir l'ordre constitutionnel en Mauritanie. Le président de la commission et le commissaire à la Paix et à la Sécurité, le diplomate algérien, Ramdane Lamamra, sont prêts à se rendre de nouveau à Nouakchott afin d'approfondir les discussions pour la recherche d'une solution à la crise qui doit être respectueuse de la Constitution mauritanienne, souligne un communiqué de l'UA. En attendant, la commission, qui rappelle être mandatée également par les Nations unies, la Ligue arabe et l'UE, recommande vivement à la junte militaire “de s'abstenir de tout acte institutionnel et législatif susceptible d'accroître la complexité de la situation”. Deux jours après le coup d'Etat, l'UA avait annoncé qu'elle allait suspendre la Mauritanie de son organisation jusqu'à ce que le pays retrouve un gouvernement constitutionnel. Près d'un mois après le renversement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, la situation est toujours au blocage politique, avec notamment le refus de l'opposition démocratique de participer au gouvernement de transition. L'hebdomadaire mauritanien Le Calame note que la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale a donné lieu à un premier couac entre la junte et certains de ses soutiens au sein de l'opposition démocratique. Le journal explique le refus de participation du camp de Ahmed Ould Daddah qui a pourtant applaudi au coup de force des militaires par des réticences et autres exigences non satisfaites liées au calendrier électoral et à la non-éligibilité des membres de la junte. Le recul du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) dans son appui au nouveau régime peut être dur de conséquences pour l'équipe militaire au pouvoir, conclut le journal. Le parti d'Ould Daddah refuse d'apporter son soutien à la junte et de baliser sa voie de sortie, mais ira-t-il jusqu'à s'opposer “aux faiseurs de présidents”, comme l'armée est dénommée en Mauritanie ? Le Quotidien de Nouakchott fait remarquer, pour sa part, que “le coup d'Etat du 6 août 2008 a sorti la Mauritanie du blocage des institutions pour l'installer dans l'incertitude”. Se faisant écho de la préoccupation des citoyens ordinaires, ce journal s'interroge : “Où va la Mauritanie ?” Il reste qu'en dépit des pressions internationales, c'est aux Mauritaniens de trouver une formule pour un retour à la légalité constitutionnelle. La tâche n'est pas facile. D. B.