Résumé de la 1re partie Tombé amoureux de la belle orpheline dont il voit le portrait, le roi envoie son cocher, qui est aussi le frère de sa dulcinée, la chercher. Lorsque Nacir arriva avec le carrosse, sa s?ur écouta avec joie le message du roi. Mais sa belle-mère et sa fille furent terriblement jalouses du bonheur de l'orpheline et, de dépit, faillirent devenir encore plus noires. ? A quoi sert toute votre magie, reprocha la fille à sa mère, puisque vous êtes incapable de me procurer un tel bonheur ! ? Attends un peu, la rassura sa mère, je tournerai ce bonheur en ta faveur. Et elle eut recours à la magie : elle voila les yeux du cocher de manière qu'il ne vît plus qu'à moitié ; quant à la mariée blanche, elle la rendit à moitié sourde. Tous ensemble montèrent ensuite dans le carrosse : d'abord la mariée dans sa belle robe royale et derrière elle sa belle-mère et sa fille ; Nacir monta sur le siège de cocher et ils se mirent en route. Peu de temps après Nacir appela : Voile ton beau visage, ma petite s?ur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure : Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté ! ? Que dit-il, mon petit frère ? demanda la mariée. ? Il dit seulement que tu dois enlever ta robe dorée et la donner à ta s?ur, répondit la marâtre. La jeune fille ôta la robe, sa s?ur noire se glissa à l'intérieur, et donna à la mariée sa chemise grise en toile grossière. Ils poursuivirent leur route, puis le cocher appela à nouveau : Voile ton beau visage, ma petite s?ur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure ; empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté ! ? Qu'est-ce qu'il dit, mon petit frère ? demanda la jeune fille. ? Il dit seulement que tu dois ôter ton chapeau doré de ta tête et le donner à ta s?ur. ? La jeune fille ôta son chapeau doré, en coiffa la tête de sa s?ur et poursuivit le voyage tête nue. Peu de temps après, Nacir appela de nouveau : Voile ton beau visage, ma petite s?ur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure ; empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté ! ? Que dit-il, mon petit frère ? demanda la mariée pour la troisième fois. ? Il dit seulement que tu dois regarder un peu le paysage. Ils étaient justement en train de passer sur un pont franchissant des eaux profondes. Et dès que la mariée se leva et se pencha par la fenêtre du carrosse, sa belle-mère et sa belle-fille la poussèrent si fort qu'elle tomba dans la rivière. L'eau se referma sur elle ; à cet instant, apparut à la surface d'eau une petite cane d'une blancheur immaculée qui flottait en suivant le courant. Le frère sur le siège du cocher n'avait rien remarqué ; il continuait à foncer avec le carrosse jusqu'à la cour du roi. Son regard était voilé, mais percevant l'éclat de la robe dorée il était de bonne foi lorsqu'il conduisit devant le roi la fille noire à la place de sa s?ur. Lorsque le roi vit la prétendue mariée et son inénarrable laideur, il devint fou furieux et ordonna de jeter le cocher dans une fosse pleine de serpents. (à suivre...)