Tendance n Il n'existe pas un seul foyer dans notre pays, à quelques rares exceptions près, qui n'ait son petit coffret de bijoux. On raconte que la reine Cléopâtre, lorsqu'elle paraissait à la cour d'Egypte, ses bijoux étaient si nombreux et si étincelants qu'on avait l'impression qu'ils l'illuminaient de rayons d'or. Cet or massif qui la couvrait de la tête aux pieds lui donnait plus de majesté et rappelait à tous ses sujets la dimension de sa puissance. L'or a toujours été le plus précieux des métaux et même la première monnaie au monde avant les billets de banque inventés par un certain Laws… Un Suisse évidemment. L'homme avait compris très tôt qu'il était plus pratique de réaliser des transactions par le biais de papier-monnaie que par l'or qui restait une valeur sûre et donc à l'abri de toute dévaluation. Il y a cinq mille ans, le commerce entre les nations était pratiqué soit sous forme de troc, c'est-à-dire, marchandises contre marchandises, soit par le biais de l'or. Mais en plus de sa valeur mercantile, l'or reste, au-delà des âges, la plus belle de parures qui pouvaient seoir aux femmes. Il n'existe pas un seul foyer dans notre pays, à quelques rares exceptions près, qui n'ait son petit coffret de bijoux. Bien sûr, pour quelqu'un qui ignore les us et coutumes de notre pays, tous ces bijoux que trimbalent nos femmes, lors des fêtes, ne peuvent faire que ringard dans le pire des cas et vieillot et glamour dans le meilleur. Qu'on ne s'y trompe pas. ce n'est ni plus ni moins qu'une assurance. La sagesse populaire ne dit-elle pas «elhaddayed li chedayede» (les bijoux sont faits pour les pépins, les mauvais jours). Pour ne pas s'humilier et emprunter de l'argent chez le voisin de palier, de nombreuses familles n'hésitent pas, en ces temps durs, à faire la chaîne et mettre au clou un ou plusieurs bijoux. Quelques-unes qui tiennent à leur réputation, évitent soigneusement le mont de piété pour ne pas se faire remarquer et déposent discrètement leur or auprès d'un bijoutier, parfois d'un parent et même d'un usurier. Le pépin en question peut être une grave maladie qui nécessite, par exemple, des soins à l'étranger, la construction d'une maison avec tous les frais que cela suppose et qui vont de l'achat du terrain, au plan de masse, à l'achat du ciment du sable et du gravier jusqu'à sa finition clefs en main, cela peut être l'achat d'une voiture familiale cash sans le recours lent et laborieux aux dossiers de prêt. Enfin, et c'est souvent le cas, cela peut être le mariage de l'un des enfants. La vente d'une partie des bijoux peut couvrir bien des frais et même l'apport de la dot initiale. Ce phénomène de l'or gardé chez soi est si vrai que lorsque les voleurs font une razzia dans une maison – jamais la plus modeste évidemment – ils en ressortent toujours avec de l'or plein les mains dont la valeur marchande avoisine quelquefois les deux millions de dinars. Les faits sont avérés et les statistiques le confirment : ce sont en général les femmes de ménage aidées souvent par quelques complices très proches, qui sont à l'origine de ce type de cambriolage.