Volume n La production mondiale d'eau dessalée s'élève, actuellement, à quelque 47 millions de mètres cubes par jour ; ce qui équivaut à 0,45% de la consommation journalière en eau douce de la Planète. Cinquante-huit pour cent, soit l'équivalent de 25 millions de mètres cubes de ce total provient de l'eau de mer, le reste étant issu du traitement des eaux saumâtres, entre autres, par le biais du recyclage. Les pays du Moyen-Orient sont ceux qui recourent le plus au dessalement de l'eau de mer avec une production de 11 millions de m3/jour contribuant ainsi à près du quart de la production d'eau dessalée dans le monde. Les coûts exorbitants des stations de dessalement n'ont entamé en rien la volonté des richissimes pays du Golfe de dissiper, coûte que coûte, le spectre de la sécheresse et du manque d'eau. Sachant que ces pays optent pour le procédé de la distillation dans l'opération de désalinisation – par opposition au procédé dit de l'osmose inverse qui, lui, est largement moins onéreux et a des effets moins néfastes – il paraît clairement qu'ils n'entendent pas lésiner sur les moyens pour faire en sorte d'étancher la soif des populations. Et ce, quitte à ce que cette quête continuelle du précieux liquide se fasse au détriment de l'environnement dans son ensemble et en particulier à l'écosystème marin. En Méditerranée, où la culture du dessalement fait de plus en plus d'émules, quand bien même le procédé ne serait pas le même que celui utilisé dans les pays du Golfe, il n'en demeure pas moins que les effets restent identiques. L'écosystème en prend chaque jour un sérieux coup, du fait des perturbations entraînées par les rejets chimiques des stations de dessalement, mais aussi du fait des autres types de pollution qui en rajoutent à la détresse de la Grande bleue. Celle-ci doit faire face à la fois au phénomène des invasions biologiques, à la prolifération des algues allogènes et donc non autochtones hautement nuisibles (plus de 600 espèces ont été recensées en 2006), mais aussi à la surexploitation des ressources halieutiques et enfin à l'eutrophisation des milieux aquatiques. Comme principale cause de la dégradation de l'écosystème marin en Méditerranée, les spécialistes citent la dense concentration des activités humaines le long des régions côtières. En 2006, un rapport de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), relevait que sur 60 millions d'habitants de 601 villes côtières, 69% seulement exploitent une Step (station d'épuration des eaux usées). Résultat : les métaux lourds ou les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et les polluants organiques se déversent en mer. La baie d'Alger est, à ce propos, un exemple édifiant : son écologie en alerte rouge se voit submergée par les eaux usées urbaines et industrielles et les polluants en toutes sortes composent désormais son environnement sous-marin. Les hydrocarbures sont une autre sorte de pollution. En une période assez courte (de 1995 à 2005), plus de 80 000 tonnes de carburants, conséquence d'un important flux maritime, se sont déversées en Méditerranée, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). Cela sans parler des impacts générés par la pollution provenant des sites de décharge près du littoral ainsi que les dégradations multiformes portées au littoral par l'extraction des ressources côtières (pillage de sable et urbanisation à outrance).