Le rêve de beaucoup d'Algériens pourrait devenir réalité. L'eau pourrait couler dans les robinets 24h/24. C'est en tout cas ce que suggère une récente étude publiée par Le Figaro économie. L'Algérie figure à la quatrième place des dix pays producteurs d'eau d'ici à 2015 avec une production de 2 millions m3/jour. Dans la mesure où le dessalement d'eau de mer est considéré comme une technologie de riches, les pays qui occupent le peloton de tête sont ceux qui se portent bien financièrement, comme l'Arabie Saoudite (5,4 millions m3/j), les Emirats arabes unis (4,1 millions m3/j) et les Etats-Unis (3,7 millions m3/ j). D'autres pays comme la Libye, le Koweït, Israël, l'Espagne, l'Italie et la Chine font également des efforts pour développer leurs capacités de dessalement. Mais, d'après les statistiques du Figaro, c'est l'Algérie qui fournit le plus grand effort. Elle ambitionne d'augmenter sa production d'eau de l'ordre de 1042% contre 67% pour les Etats-Unis, 83% pour l'Arabie Saoudite, 160% pour la Chine, 149% pour l'Italie et 470% pour la Libye. Au total, pas moins de 40 milliards d'euros seront consacrés à la production mondiale d'eau d'ici à 2015. Maintenant que la rente pétrolière a renfloué les caisses de l'Etat, l'Algérie compte réaliser d'ici 2009, 13 usines de dessalement, notamment à Skikda (100 000 m3/j), BéniSaf (200 000m3/j), Ténès (200 000 m3/j) et Mostaganem (200 000 m3/j). Quelque 21 autres stations devront être réalisées, d'ici 2016, à partir du budget de l'Etat et confiées à la charge de l'Algérienne des eaux. C'est que les opérations de dessalement coûtent extrêmement cher. Tandis qu'un mètre cube d'eau potable produit par les techniques classiques coûte environ 0,2 euro hors taxes et investissements de maintenance et développement, le mètre cube d'eau dessalée revient à 0,7 euro. En Algérie, et d'après les plaidoyers du ministre de l'Energie et celui des Ressources en eau, tout porte à croire que les factures d'eau vont être revues à la hausse d'autant que le mètre cube d'eau dessalée est estimé à 50 DA (facturé à près de 6 DA actuellement). En revanche, il n'y a aucun risque, selon les responsables algériens, que les programmes de dessalement « tombent à l'eau ». « La compagnie en charge du projet de dessalement d'El Hamma, par exemple, en l'occurrence l'américaine HWD, a une obligation de production de 95%. Si elle descend en dessous de cette barre, elle risque de perdre son contrat. Les acheteurs de l'eau (Sonatrach et l'Algérienne des eaux, ADE) ne seront pas tenus d'acquérir l'eau dessalée. Même chose si cette eau ne répond pas aux normes établies par l'OMS. Ce sera un coup énorme pour cette entreprises d'autant que l'unité de dessalement représente un investissement de 250 millions de dollars », a expliqué M. Sari, directeur général d'Algerian Energy Company (filiale de Sonatrach).En tout état de cause, le dessalement s'est imposé, partout dans le monde, comme une réponse à la pénurie d'eau. D'après les experts, 42 des 70 villes de plus d'un million d'habitants, sur la planète, qui n'ont pas accès direct à des ressources nouvelles en eau douce, sont des villes côtières. Le Maghreb est l'une des régions qui souffrent le plus de la sécheresse. C'est même l'une des zones sensibles qui disposent de moins de 2000 m3 par habitant et par an. Les problèmes cruciaux d'accès à l'eau des populations défavorisées devront être débattus au cours du 4e Forum mondial de l'eau qui se tiendra demain à Mexico.