Résumé de la 7e partie n Après l'inspection de toute la région et même des alentours du Trou, on ne trouve aucune trace d'Idir. Bien qu'exultant intérieurement, M'ahmed montre des signes de tristesse profonde... On apercevait l'olivier sauvage avec ses deux grands bras levés vers le ciel, comme pour en implorer le secours. Et, du Trou des Ouled Zeïane, un nuage noir sortit, tourbillonnant avec des cris étranges et rauques. En approchant de plus près, on reconnut que le nuage était un vol de corbeaux, un vol comme on n'en avait jamais vu ; tous ceux de la contrée étaient là, bien sûr. Et, sur l'olivier, le bec large ouvert comme dilaté par un rire inextinguible, un corbeau, le corbeau fantastique, battait des ailes pour applaudir aux cris de la bande, en fixant ses gros yeux sur M'ahmed le parricide, M'ahmed assassin des siens. C'en était trop pour ce dernier. Il tomba la face contre terre en criant «Hélas ! voilà le témoin de Mohamed Amokran !» Le jour se fit dans l'esprit des anciens les meurtres du père et du frère, l'ensevelissement des cadavres dans l'abîme. M'ahmed éperdu, rudement relevé, avoua tout. La justice est sommaire en Kabylie : le coupable, solide-nient ficelé avec la corde de son tarbouch, fut amené au pied de l'olivier. Le corbeau, témoin des crimes, s'enleva et tourbillonna lentement au-dessus de l'arbre de justice, suivi par tous les siens, qu'à coup sûr il était allé chercher, par ordre du Dieu tout-puissant, vengeur des crimes. Les Kabyles de la tribu ramassèrent chacun une pierre et, tous à la fois, pour que nul ne fût accusé plus spécialement du crime qu'ils allaient légalement commettre, la lancèrent sur le parricide. Chaque coup rendait un son mat, comme celui du fléau sur la gerbe. Les exécuteurs s'excitaient mutuellement, frappant de pierres toujours plus grosses, criant des malédictions. Le patient hurlait. Bientôt ce ne fut plus qu'un amas de chairs saignantes, puis un cadavre broyé que les pierres recouvrirent d'un lourd suaire. «L'arbre devint sacré, ajouta le narrateur ; le corbeau revient encore lorsqu'un malheur menace la tribu. Nous l'avons vu l'année de la famine (1867), l'année de la grande révolte (1871). Et pour qu'il ne revienne pas cette année et qu'à jamais soit maudit le lapidé, fais comme moi, Sidi, prends une pierre et jette la sur le tas.» C'est ce que je fis pour que Dieu nous garde de tout mal.