Prévision n «Si les prix sont aussi bas à l'heure actuelle, cela ne signifie pas qu'ils continueront à l'être très longtemps». «D'ici à 2011/2012, les prix rebondiront de nouveau et atteindront même des niveaux importants.» C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre de l'Énergie et des Mines, Chakib Khelil, lors d'une conférence de presse. S'exprimant en marge de la 4e Semaine de l'énergie en Algérie (SEA4) qui se tient du 15 au 19 novembre à l'hôtel Hilton, le président en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a souligné que «si les prix sont aussi bas à l'heure actuelle, cela ne signifie pas qu'ils continueront à l'être très longtemps. En revanche, personne ne peut prédire jusqu'à quand cette situation (de baisse) perdurera», note-t-il tout en se disant assuré que «les prix vont se relever». À propos de l'impact de la pratique spéculative sur les prix du pétrole, le conférencier a noté que bien qu'ayant existé et ayant été effectives auparavant, ces pratiques n'avaient pas autant d'impact que celui auquel on a assisté durant l'année 2008. Selon Khelil, bien que le monde ait auparavant vu des tensions géopolitiques, la spéculation n'avait, en revanche, pas été fondamentale. En 2008, toutefois, la situation était devenue totalement incontrôlable. Les années comprises entre 2000 et 2007 durant lesquelles les prix oscillaient entre 60 et 70 dollars le baril, sont représentatives d'«un marché normal», fait-il remarquer, les facteurs liés à la géopolitique et à la spéculation étaient plus ou moins bien maîtrisés. «Aujourd'hui, nous sommes peut-être en train de revenir à cette moyenne». Toutefois, l'objectif de l'Opep, selon son président, est d'arriver à atteindre un prix du baril qui se situerait entre 70 et 90 dollars, ce qui semble être le prix idéal. Et même si l'Opep ne parvient pas à atteindre cette fourchette durant ces prochaines années, cela ne semble pas inquiéter M. Khelil en raison du fait qu'il n'y aura pas d'autre production à partir de gisements profonds tels que les sables bitumineux du Canada, l'offshore profond du Brésil ou encore les bruts lourds du Venezuela. Chakib Khelil a réitéré, hier, l'appel qu'il a lancé lors de la rencontre de Vienne au mois d'octobre, relatif à une baisse de la production de l'ordre de 1,5 million b/j. «Nous n'avons pas le choix» avait lancé le président de l'Opep aux autres pays membres. D'autant que si les pays de l'Opep s'en tiennent à cette décision, ils pourront s'assurer un niveau assez acceptable de revenus. M. Khelil, qui a annoncé la tenue le 29 novembre au Caire d'une conférence des pays de l'Opaep (l'organisation des pays arabes exportateurs de pétrole), a déclaré qu'il a fait appel aux autres pays membres (Opep) pour participer à cette réunion avec pour objectif l'obtention d'une consultation au sujet de cette réduction. Les conférenciers seront soumis à un brainstorming à l'effet de sortir – peut-être – avec des recommandations, pas nécessairement pour le même jour, mais peut-être pour la conférence d'Oran (du 17 décembre)», a-t-il souligné. Ce qui est sûr, c'est que l'Opep aura, alors, «une meilleure information sur l'engagement des différents pays dans le cadre de la baisse de la production». Technologie nucléaire Bientôt une loi n Avant de prétendre s'investir pleinement dans la technologie nucléaire, l'Algérie, à travers le ministère de l'Énergie, devra d'abord présenter la loi portant sur ce volet. «Nous pensons que nous allons la soumettre dans les prochaines semaines. L'aboutissement de cette loi doit prendre le temps pour être soumise au Conseil de gouvernement, etc. et j'espère que d'ici au début de l'année prochaine, nous allons avoir une loi sur l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire», a indiqué Chakib Khelil. Selon lui, la base dans cette loi est «de séparer le rôle de puissance publique concernant la sûreté et la sécurité nucléaires, du rôle purement commercial ou de recherche qui devrait être dévolu à une entité qui va, elle aussi, avoir les ressources nécessaires pour assurer tant la recherche que le développement d'une manière durable». L'entité en question est l'Agence de sûreté et de sécurité qui va veiller à l'application des normes de sûreté et de sécurité dans la recherche et l'utilisation des matières nucléaires. Elle sera dotée de ressources financières et humaines qualifiées, «et ne va pas dépendre de l'évolution du prix du baril pour continuer ou arrêter son programme de recherche», a précisé M. Khelil pour qui cette agence est l'«élément fondamental» de cette loi sur le nucléaire. Un cartel gazier n'est pas à l'ordre du jour n Chakib Khelil, qui participera à la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) le 23 décembre à Moscou, a affirmé que la création d'un cartel gazier sur le modèle de l'Opep «n'est pas dans l'intérêt des pays gaziers, car cela inciterait les pays consommateurs, notamment européens, à opter de plus en plus pour d'autres énergies». M. Khelil a précisé que le groupe de travail du Fpeg, formé à Doha en avril 2007, doit se réunir le 26 novembre pour la finalisation d'un document qui doit être présenté au Forum du 23 décembre. Il a souligné que ce document «ne prévoit pas la création d'une organisation des pays producteurs et exportateurs du gaz sur le modèle de l'Opep», car elle ne peut maîtriser ni les quantités ni les prix puisque les contrats gaziers sont à long terme.