Résumé de la 10e partie n Jason comprend enfin le but de cette randonnée avec sa sa sœur lorsque cette dernière lui demande de ne pas «agir» dans son Etat... A vrai dire, vu la vitesse à laquelle on roulait, on ne se serait pas retrouvés autour d'un arbre. On se serait probablement désintégrés en vingt-cinq morceaux de la taille d'une valise. Puis Lynn a freiné plusieurs fois de suite, en douceur, à l'endroit où la Route1 pénètre dans un quartier mi-commercial, mi-résidentiel, avec des maisons, des boutiques, de petits centres commerciaux, puis elle a donné un coup de frein plus brutal pour tourner à droite, dans une rue en sens interdit qu'on a remontée sur plusieurs centaines de mètres. Deux autres véhicules de police étaient déjà là, et une cinquantaine de personnes s'étaient rassemblées sur la chaussée et sur les trottoirs. Elle a freiné brutalement pour s'arrêter et a pratiquement sauté de la voiture, et je l'ai suivie, et j'ai senti soudain des picotements dans mes mains, comme s'il leur avait manqué le poids confortable d'une arme, de n'importe quelle arme. Le bar se trouvait dans un pâté de maisons à deux étages abritant des bureaux et des magasins, et s'appelait The Aaron Room. A l'allure et à la façon de s'habiller des gens qui formaient la foule, j'ai compris qu'il était fréquenté par la jeune génération, quel que soit le nom qu'on lui donne aujourd'hui. Une musique rock tonitruante se déversait par la porte du bar, des projecteurs lançaient des éclairs à l'intérieur, et les gens étaient énervés et pas contents. Il y a eu des huées et des sifflements dans la rue, puis tout s'est passé très vite, avec un mélange d'énergie, d'inquiétude et de fébrilité. Deux jeunes types étaient à plat ventre sur le trottoir et on leur passait les menottes. Lynn parlait très fort à un troisième type dont le sweat-shirt pendait sur son pantalon ultralarge. Il avait la moitié de la chevelure teinte en orange et un clou dans la narine. — Ce que je vous dis, simplement, c'est que vous êtes en train de brutaliser mes gars, se plaignait-il. Et Lynn de lui répondre du tac au tac : — Et je vous dis, moi, que si vous ne vous tirez pas de là, vous irez les rejoindre en prison cette nuit. Un policier agenouillé à côté de l'un des deux types a lancé : — Lynn ! T'aurais pas une autre paire de menottes ? A la seconde où Lynn tournait la tête en tirant sur son ceinturon réglementaire, le jeune aux cheveux orange a mis les deux mains sous son sweat. Je me suis retrouvé derrière lui ; en train d'évaluer mentalement sa position, la direction de son regard et son prochain mouvement. Alors que je décidais de le faire tomber d'un coup de pied sec dans les jarrets suivi par un coup de poing à la gorge, ses deux mains sont ressorties du sweat, vides. Je me suis retenu, le souffle haché, tremblant presque. Le jeune type s'est retourné, m'a jeté un coup d'œil et s'est éloigné pour se fondre dans la foule en me regardant encore une fois avant de disparaître. Son expression était celle de l'agneau qui voit un loup affamé le repérer et le laisser filer. (à suivre...)