Sauvagerie Trois coups de hache lui sont apparemment portés alors qu?il est plongé dans un sommeil profond. Il est minuit en ce 2 mai 1999, une femme d?un certain âge habitant à Kouba est, là, assise dans sa chaumière à guetter les bruits qui résonnent au-dessus du plancher en bois et qui craque sous les pas des fêtards qui s?adonnent à leurs vices sans modération. L?alcool coule à flots et parmi la joyeuse bande quelque peu bruyante figure le mari de cette malheureuse en proie à une brûlante humiliation, meurtrie au plus profond de sa chair. Non, c?est plus qu?elle ne pouvait en supporter. Il lui fallait à tout prix laver ce terrible affront d?autant plus que la propriétaire de cette maison close est la propre cousine de son cher mari. Leurs deux enfants «des adolescents» dorment paisiblement, ne se doutant pas des idées noires qui rongeaient l?esprit de leur pauvre mère. Le père de famille probablement repu, regagne enfin ses «quartiers» et là c?est le trou noir. Les trois coups de hache, qui lui ont été assenés au cou alors qu?il sombrait dans un sommeil profond, ou alors, comme l?avait prétendu par la suite sa femme, les coups n?étaient-ils qu?une réaction au fait qu?il l?avait forcée à exécuter des actes contre nature ? Toujours est-il que leur fille, Lynda, réveillée par d?étranges bruits, eut droit à un terrible spectacle. Son père s?agitant dans une mare de sang et, devant lui, sa mère, la main maculée de sang. Le fils, Kamel, réveillé par les cris de sa s?ur, a dû, à la demande de sa mère Nadjia, jeter les couvertures toutes tachées de sang. Qui des deux a traîné le cadavre loin de la maison ? Mystère ! Alertés, les policiers ont cru dans un premier temps avoir affaire à un acte terroriste comme le prétendait la famille du défunt, mais cette piste est rapidement abandonnée. On soupçonna alors la mère du meurtre et son fils de complicité. Lors de leur procès le 7 juillet 2003 devant la cour criminelle d?Alger, cette femme de 56 ans, reconnue coupable d?homicide volontaire avec préméditation, sera condamnée à la prison à perpétuité, tandis que son fils sera acquitté. Les avocats de la défense ayant cassé le jugement, cette femme sera jugée une seconde fois lors de la dernière session criminelle. L?accusée, l?air abattu, demande à la cour d?avoir pitié d?elle? La fille de l?inculpée appelée à la barre a réussi à émouvoir toute l?assistance en particulier sa mère puisque celle-ci n?a pu s?empêcher d?éclater en sanglots. Durant les délibérations, on permit à cette mère d?étreindre chaque membre de sa famille, encore un autre grand moment d?émotion dans le prétoire. Alors que le procureur avait requis une peine de prison à perpétuité à l?encontre de l?accusée, la cour consentira à celle-ci les circonstances atténuantes. Elle sera condamnée à 20 ans de prison ferme.