Livre n Dans un ouvrage récent, Redouane Boudjemaâ, enseignant à la faculté des Sciences politiques et de l'Information d'Alger, expose l'évolution du travail journalistique en Algérie en axant sur l'analyse socioprofessionnelle des correspondants de presse. «Le journaliste et le correspondant de presse en Algérie» est le titre d'un livre qui vient d'être publié par le docteur Redouane Boudjemaâ aux éditions Taksidj. Com. L'auteur y livre les résultats d'une étude menée sur le sujet. Le professeur Zoheir Iheddaden, auteur de la préface du livre et l'un des pionniers dans les études sur les médias en Algérie, a reconnu l'importance de l'ouvrage où on trouve deux études essentielles. La première est axée sur le thème «Le journaliste à travers les discours et les documents officiels» dans la période allant de 1962 à 2005. L'auteur a analysé les discours officiels définissant le rôle du journaliste. De 1962 à 1965, le journaliste était considéré comme un fonctionnaire. Cette période était caractérisée surtout par l'absence d'une loi définissant la mission du journaliste. Les chartes de Tripoli en 1962 et celle d'Alger en 1964, par exemple, ne comportaient aucune définition spécifique du journaliste. Après le coup d'Etat du 19 juin 1965 et jusqu'en 1978, le journaliste n'était qu'un militant. Sa principale mission était de diffuser des idées et les choix du parti unique. Entre 1979 et 1988, le journaliste algérien était sommé de toujours respecter l'idéologie du parti unique. Ce que prouve d'ailleurs l'article 6 du premier code de l'information, adopté en février 1982, qui indique que les journalistes qui n'étaient pas affiliés au parti, ne pouvaient pas accéder à des postes de responsabilité au sein des entreprises de presse. Après l'ouverture démocratique de 1989, on a commencé à parler de «journalistes professionnels». Les articles 35 et 36 de la Constitution de 1989 assuraient la liberté d'expression. Mais c'est avec la violence terroriste durant les années 1999, l'image du journaliste a complètement changé. Il devient «un journaliste combattant». A partir de 1999 et jusqu'à 2005, l'auteur indique que «tous les discours officiels ont focalisé leur intérêt sur la nécessité pour les journalistes d'accompagner l'Etat dans les projets de développement et de sensibiliser les citoyens en appelant la presse à être responsable. Donc, d'après le discours officiel, le journaliste n'était qu'un «agent de l'Etat». Dans la deuxième étude, le chercheur a mis en exergue la situation socioprofessionnelle des correspondants de presse. L'enquête qui a touché 273 correspondants travaillant dans 7 wilayas du pays – Bouira, Boumerdès, Béjaïa, Tipaza, Tizi Ouzou, Oran, Chlef –, a fait ressortir que les femmes constituent 19% de l'ensemble des correspondants. Plus de 62% d'entre eux ont moins de 35 ans, 25% n'ont aucun diplôme supérieur, plus de 60% n'ont jamais suivi une formation journalistique. Le travail journalistique ne constitue pas la principale source de revenu pour plus de 48% d'entre eux. 57% ne sont pas déclarés à la sécurité sociale, plus de 60% sont contraints à l'autocensure et à la censure. Plus de 87% de ces correspondants travaillent pour des journaux privés.