Résumé de la 3e partie n Clifton James est informé du rôle qu'il doit jouer, c'est alors que le MI 5 lui fait rencontrer le maréchal Montgomery, son sosie... Que vous permettiez au lieutenant James de rester en votre compagnie pour qu'il vous étudie et calque son comportement sur le vôtre. Si vous pouviez aussi le renseigner sur vos habitudes. — Par exemple ? Clifton James prend pour la première fois la parole. Il le fait timidement, en ayant presque l'air de s'excuser. — Par exemple, monsieur le maréchal, quels sont vos goûts alimentaires ? — Je ne mange jamais de poisson, je ne bois que de l'eau. Cela vous ira ? Clifton James fait «oui» de la tête, plus impressionné que jamais. Il se rend compte de toute la difficulté de l'entreprise. Cette attitude de meneur d'hommes, ce ton cassant, ces gestes autoritaires c'est cela qu'il va devoir acquérir. Bien sûr, cela fait partie du métier d'acteur, mais un acteur joue sur une scène et s'adresse à d'autres acteurs. Tandis que lui, il va devoir commander à des colonels, des généraux, parler d'égal à égal avec les puissants de ce monde. Et il y parvient. Jour après jour, il fait des progrès, il copie la démarche du chef suprême des armées britanniques, il adopte ses tics de langage, ses manies. Il s'applique tant qu'il peut, car on lui a dit que le temps était compté. Le Débarquement est imminent, et il est prévu qu'il quitte l'Angleterre sous l'apparence de Monty quelques jours avant la date fixée. Et, le 26 mai 1944, les trois coups sont frappés pour cette pièce sans précédent. Clifton James a pris place, en uniforme de général de la cavalerie, dans une limousine portant le fanion du commandement en chef des forces armées. Sur sa poitrine, resplendissent quatre rangées de décorations. La puissante voiture prend la direction de l'aérodrome de Northolt. Celui-ci a pour particularité d'être à la fois civil et militaire. Le MI 5 sait que les Allemands y ont des espions et il compte bien qu'ils feront leur rapport. La voiture s'arrête à proximité du terrain. Un détachement est là pour rendre les honneurs. Monty s'extrait du véhicule et fait quelques pas de sa démarche caractéristique, à la fois raide et un peu traînante. Le général Herwood, son aide de camp, se présente à lui. Montgomery répond rapidement à son salut et se dirige vers l'appareil. Le commandant vient le saluer à son tour. — Mes respects, sir. C'est un honneur pour moi de vous avoir à bord. — Bonsoir, commandant. J'espère que nous avons une bonne météo. — Excellente, sir. — Alors, en route ! Ne traînons pas. Et le maréchal Montgomery, vicomte d'El-Alamein, s'engouffre dans la carlingue. Les déplacements d'une personnalité de son importance sont, bien entendu, couverts par le secret. Il aurait été invraisemblable que sa destination soit connue. Le MI 5 fait répandre, par plusieurs employés de l'aéroport à son service, le bruit que Monty part pour Gibraltar. Et les services secrets allemands tombent dans le piège ! Après la guerre, leurs archives montreront qu'ils ont suivi de bout en bout le voyage du faux Monty. A Gibraltar, le maréchal, accueilli par le gouverneur, le major Foles, traverse la ville sous les acclamations de la population, aussi heureuse que surprise de le voir. Au palais du gouverneur, il est salué par son camarade à l'école de guerre, sir Ralph Eastwood, qui lui lance un jovial : — Hello, Monty ! Sacré vieux haricot ! Ce dernier lui serre vigoureusement la main et lui lance à son tour : — Salut, Rusty ! Cela fait rudement plaisir de te revoir ! (à suivre...)